L'histoire :
Suite à une série d'aventures des plus éprouvantes, Capucin a trouvé refuge dans un monastère. Mais la vie de moine est bien éloignée de ses préoccupations. Une fois rétabli, le voilà bien vite sur la route avec en poche quelques reliques du trésor de bouche dorée. Il fait fondre celles-ci afin de les revendre au poids, pour pouvoir enfin grignoter quelque chose. Capucin conserve en revanche la baguette magique que son intuition lui a fait « emprunter » à Merlin, dans la cache de bouche dorée, et dont il ne réalise pas encore l'étendu de la puissance... Malheureusement, Capucin se fait voler la baguette un soir où il fait pour la première fois connaissance avec l'alcool dans une taverne un peu misérable. Un mystérieux personnage l'aide à cuver son vin, et dévoile bientôt son identité, pour laquelle on avait de fortes présomptions : il s'agit de Merlin, à la recherche de sa baguette, qui se révèle être bien moins dangereux que prévu, mais aussi bien plus drôle et bien plus sympathique. De fait, Merlin et Capucin forment un duo façon « la tête et les jambes », plutôt de par le courage de Capucin que la sagesse de Merlin.... Les voilà qui partent tous deux à la recherche de la baguette, dont l'idiot du village s'est emparé. Ils parviennent bientôt à la récupérer, mais, suite à un coup de baguette inopiné, voilà notre Capucin non plus « un » mais « deux », à sa grande joie : enfin un compagnon digne de lui !
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Par rapport au premier tome, Florence Dupré La Tour produit ici un album au rythme moins effréné : un peu plus court, avec moins de rebondissements, et un tout petit peu moins haletant. Plutôt que d'exploiter le filon, elle propose un album de transition, subtile, où la trame du récit, toujours rondement mené, est prétexte à une interrogation sur la psychologie de son personnage. Pour ce faire, elle le coupe littéralement en deux, et nous voilà avec deux Capucin à la personnalité bien tranchée. On atteint alors un comble pour ce petit garçon arrogant : Capucin tombe amoureux de Capucin ! Excès d'amour propre ? Homosexualité ? Recherche de l'identité sexuelle de l'adolescent ? Tous ces thèmes apparemment bien sérieux sont abordés avec beaucoup d'humour : bravo ! On retrouve aussi ce qui a fait la force du premier tome : tout d'abord la qualité de la narration et la richesse des personnages principaux. Ainsi, on s'attache au personnage de Merlin dont on aime suivre l'évolution au fil des pages. On retrouve également cet art de faire du « faux » conte pour enfant destiné aux adultes : une mention spéciale à la légende revisitée de Saint Nicolas, caustique et dérangeante, bien insérée au récit (l'overdose de viande et de charcuterie qui nous est proposée chez l'ogre est parfaitement ignoble et répugnante, et c'est pourtant un amateur qui parle). Côté dessin, on sent toujours l'influence de Sfar, mais aussi du dessin japonais, qui colle bien à la fausse naïveté des personnages, surtout à Capucin et à ses grands yeux. Bref, vivement la suite !