L'histoire :
C’est les grandes vacances. Plutôt que de laisser leur fils de 13 ans glander avec ses copains du quartier, la mère de Djo lui impose un grand voyage en Europe en camion, en compagnie de son père André, chauffeur routier de profession. Ni André, ni Djo ne sont immédiatement emballés par cette idée… Mais ils y voient tout de même l’occasion de tisser des liens, la dernière occasion avant que Djo n’entre dans la post-adolescence et ne prenne son indépendance. De par son métier, André a souvent été absent durant l’enfance de Djo, et ces deux-là ne se connaissent pas vraiment. Ils partent de Belgique de nuit, à 2h30 du matin et prennent la direction du port d’Anvers où André doit prendre en charge un container. Avant que Djo ne se mette à somnoler, il découvre le calme de la route nocturne qu’apprécie son père. Chacun découvre alors la musique appréciée de l’autre et… ils n’ont pas vraiment les mêmes goûts. A Anvers, le temps des formalités douanières et administratives, Djo descend se dégourdir les jambes. Il découvre un port gigantesque et se fait peur en se perdant au milieu de centaines de camions tous identiques. Ils reprennent la route alors que le jour ne s’est pas encore levé. Djo est déjà agacé par les expressions toutes faites de son père et sa conception basique de la vie. Pour Djo, les camions sont néfastes car ils polluent…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ce road-trip en camion (et non avec Joe le taxi), entrepris par un père et son fils, fait un clin d’œil évident dans son titre au tube de Jimmy Hendrix. Sur proposition (imposition !) de sa mère, Djo accompagne donc son père durant l’été, à la découverte du métier de chauffeur routier, mais surtout l’un de l’autre. Ils vont se disputer autour de conceptions de la vie évidemment différentes (le conflit des générations), mais aussi apprendre à se comprendre mutuellement. Et Djo, qui montre une sacrée indépendance de caractère, un brin enjolivée pour un gamin de 13 ans, va encore y gagner en maturité. Comme le dit l’adage de RL Stevenson : l’important n’est pas la destination mais le voyage. Les personnages dessinés de manière légèrement stylisée par le belge Geoffrey Delinte s’inscrivent dans un décorum semi-réaliste abouti, complété par une colorisation en aplats qui accorde beaucoup d’importance à la lumière. La scénariste d’origine polonaise Marzena Sowa prend le temps de bien installer la psychologie des personnages, sur 165 pages de road-trip sans véritable action spectaculaire. Mais on ne s’ennuie jamais pour autant. Car la découverte du quotidien d’un routier ressemble à une grande aventure pour un gamin de 13 ans. Djo se nourrit aussi des rencontres avec les collègues de son père, avec un auto-stoppeur et avec la « grande famille » des routiers en général… et il vivra une romance inattendue dans ce milieu. Initiatique et tendre, ce road-trip incite à aller à la rencontre, à l’écoute et au respect de l’autre.