L'histoire :
Un homme solitaire erre dans la nature. Il flingue un cheval afin d’en griller un morceau de chair sur un barbecue improvisé. Il ne lui reste plus que deux balles. Après une nuit à la belle étoile, il reprend sa marche le lendemain. Il arrive aux abords d’une belle maison isolée et abandonnée. La baie est ouverte, pas besoin de briser une vitre. A l’intérieur, tout est resté dans son jus depuis des mois. Des victuailles ont pourri un peu partout. Le cadavre du propriétaire des lieux est resté devant sa télé. Le chasseur trouve une boîte de sardines encore mangeables dans un placard. Il monte à l’étage, où il trouve un lit accueillant. Il engloutit les sardines d’une traite, avant de s’allonger pour s’y reposer. Il est réveillé par des coups de langue sur son visage. A son grand désarroi, il s’agit d’un ours, qui se repait de sa barbe à l’odeur des sardines. En panique, l’homme reste toutefois immobile, le temps que l’ours se lasse. Son fusil n’est pas à portée de sa main. L’ours repart comme il était venu. Le chasseur a eu chaud. Dans les jours qui suivent, il continue son périple, à pieds à travers champs, ou en vélo au milieu des autoroutes désertées et jonchées de carcasses de voitures. Il s’arrête à une station-service où il est attaqué par une meute de chiens. Ses deux balles ne suffisent pas à s’en débarrasser. Il se rue sur la porte de la boutique… fermée !
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Cet album en one-shot commence comme un classique road-trip d’anticipation post-apocalyptique. Un vagabond, seul depuis des mois, a survécu à une apocalypse particulièrement meurtrière pour l’humanité. On ignore pourquoi lui a survécu, mais on comprend peu à peu que l’origine de ce fléau est virale… Or quand on sait que cet album a été réalisé par Winshluss pendant la crise du Covid, ça donne quelques sueurs froides… et une once de crédibilité terrible. Nonobstant, si le contexte de civilisation en ruine est important et parfaitement mis en scène, il n’est pas le sujet. On l’apprend en avançant dans le récit, mais on ne découvre qu’à la fin, via un flashback, qui est cet homme esseulé. Dès lors, après une longue séquence visuelle et muette, le récit se fait plus bavard et pose les bonnes questions réellement posées par cette histoire pour le moins désenchantée sur la nature humaine. Attention, divulgâchage : un sociopathe demeure-t-il un sociopathe au sein d’une humanité qui a quasiment disparu ? Le ton est forcément nihiliste, le dessin en noir et blanc coche l'option encrage appuyé et charbonneux. Tel un artiste punk, Winshluss n’hésite jamais à balancer une scène trash de tête explosée ou de cadavre purulent. En alternance, il nous plaque aussi des moments on ne peut plus contemplatifs, exceptionnellement pleines pages et en couleur, de son anti-héros vagabond sur une Terre ou tout reste à reconstruire… ou à mieux détruire. Au choix.