L'histoire :
Connaissez-vous la vie de bohème ? Celle que les musiciens de rue mènent tambour-battant ? D'un spectacle à un autre, ils ne comptent pas vraiment sur la bonne âme des passants, mais attachent de l'importance à ce qui le mérite : la qualité d'artiste ! Et que serait la vie sans amours ? Le Baron ne cesse de rêver de la compagnie d'Hava, y compris quand il est dans les bras des femmes de petite vertu. Et comme il est triste, son chapeau reste désespérément vide et il n'amasse plus une seule pièce de monnaie... Vicenzo, lui, en pince pour la trapéziste. Et qu'importe que son mari ait chuté sous ses yeux ! Le spectacle doit continuer et il choisit ce moment particulièrement dramatique pour effectuer son plus beau tour de séducteur. Quant à Yaacov, il a pour lui la fougue de la jeunesse, mais son manque d'expérience pourrait être un réel handicap...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Joann Sfar est un des auteurs de BD les plus prolifiques du moment. Sa multitude de projets, qui ne s'arrêtent pas au 9ème art, a de quoi impressionner plus d'un auteur. Et c'est précisément la vie d'artiste qu'il met en scène dans cette série. A la croisée des cultures juives, arabes et tziganes, il nous emmène sur la piste du cirque, dans le théâtre de rue et parmi les musiciens qui perpétuent la tradition des troubadours. Son histoire transpire la pulsion de vie et de mort. En effet, le sort des personnages est, par définition, des plus précaires. Jamais sûr de quoi sera faite leur journée, ils partagent les considérations les plus profondes, comme les moments de pure frivolité. Entre des amours exaltées et de grandes fêtes où l'alcool coule à flot, entre deux jupons, la vie suit son cours et les hommes courent la gueuse ! Ce qui se traduit aussi par des dialogues tantôt romantiques, tantôt crus, voire grossiers. L'alternance entre une forme de poésie et une narration paillarde a de quoi surprendre, ou même désarçonner. Ceux qui ne sont pas familiarisés avec son œuvre pourront même en être agacés. Et comme l'auteur ne fait pas les choses à moitié, le même traitement se retrouve dans ses dessins. Certaines doubles pages adoptent une grande sobriété, avec des traits fins et aquarelles caractéristiques, là où d'autres sont saturées de traits épais aux pastels ou aux couleurs criardes, faisant aussi penser aux dessins des enfants : un peu brouillons, très naïfs et pourtant touchants. Bref, on peut aimer, ou pas, mais ce qui est sûr, c'est qu'on ne reste pas indifférent. C'est bien le propre de la création artistique, non ?