L'histoire :
Cambodge, 1978. Le Centre de détention S-21 de Phnom Penh accueille des prisonniers. Ils seront jugés devant Angkar comme tous ceux qui s’opposent au régime. Après le peuple nouveau, ce sont les proches du pouvoir qui se retrouvent dans l’œil du cyclone. Dans le village de Roneam, des miliciens khmers rouges viennent demander des provisions aux chefs locaux. Ils soupçonnent la présence de traître au sein du groupe des villageois. Au passage des miliciens, Chenda est touchée en plein cœur : l’un d’eux porte le tee-shirt de son père Vuthy tué par les khmers. Près d’une usine, se tient une réunion. L’un des hommes prétend que le pays va être libéré par une force d’opposition. Il annonce qu’il ne faut plus obéir au régime d’Angkar. En effet, au nord du pays, les forces rebelles gagnent du terrain et constituent un mouvement de résistance…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Avec ce troisième tome, Tian clôt sa trilogie autobiographique consacrée à sa famille. Alors que le régime d’Angkar décline, les forces vietnamiennes et les soldats khmers opposés à la politique cambodgienne gagnent du terrain. Khim et Lina sont pris dans la tourmente. Une seule solution pour eux : l’exil. Sans tomber dans le pathos, Tian (le petit Chan dans le livre) décrit sans fard le quotidien de ces hommes et de ces femmes. L’instabilité est telle qu’ils ne savent pas quoi faire : partir ou rester. Laisser derrière soi son pays, son passé et gagner la liberté ; ou rester pour reconstruire et tenter d’oublier l’horreur commise. Le choix est cornélien. Avec Tian, l’émotion est intense et délicate, jamais voyeuriste. Il ne manque pas, en fin d’album, d’expliquer comment cela fut difficile pour certains membres de sa famille de témoigner sur cette période. Certains ont préféré ranger dans les oubliettes de leur mémoire ces évènements. Le trait de Tian est dans la veine de Clément Oubrerie : vivant et enlevé. Cette trilogie résonne dans l’actualité, à l’heure où des réfugiés politiques traversent la Méditerranée pour vivre dans un monde meilleur, loin du vil État Islamique créé par Daesh.