L'histoire :
C'est l'automne, Matelot, vieux bûcheron père du « besson », vient à la rencontre d'Antonio : son fils, le besson aux cheveux rouges, est parti à la lune de juillet pour aller couper cinquante sapins. Il devrait déjà être revenu, sachant qu'il en avait pour deux mois. L'inquiétude le gagne et il ne peut s'empêcher de questionner Antonio. Malheureusement, celui-ci n'a pas vu passer d'arbres sur la rivière. Il a dû lui arriver quelque chose. Antonio propose à Matelot de partir ensemble à la recherche de son besson. Matelot et Antonio le pêcheur remontent de chaque côté du fleuve.Sur les terres de Maudru, chef des bouviers, l'atmosphère est pesante. Médéric Maudru, le neveu, fils de Gina la vieille, a pris une balle après avoir tenté de récupérer Gina la jeune, sa cousine germaine qu'il doit épouser. Malheureusement, elle est partie avec un garçon. Le père Maudru, maître du haut pays et des troupeaux de taureaux, organise ses équipes pour reprendre les recherches : trois équipes de cinq bouviers chacun qui doivent patrouiller de tous les côtés, sans repos. Tous les soirs, ils devront se mettre au rapport pour dire ce qu'ils ont vu.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Jean Giono figure parmi les plus grands auteurs provençaux, aux côtés d'Alphonse Daudet et de Marcel Pagnol. En 1934, paraît le Chant du Monde, qu'il adapte lui-même en scénario pour le grand écran entre 1940 et 1942, puis en le développant pour le théâtre à partir de 1958. Il fallut attendre 1965 et Marcel Camus pour voir ce roman à l'accent fort être adapté pour de bon au cinéma, avec Charles Vanel et Catherine Deneuve au casting. Pour le 9ème art, c'est Jacques Ferrandez qui se lance aujourd'hui dans la mise en bande dessinée du Chant du Monde. Son travail d'adaptation est remarquable, ne s'écartant que très peu du roman originel, véritable ode à la nature, passant de l'été où l'amour naissant se blottit l'hiver pour mieux renaître au printemps. Seule la première scène n'existait pas (et encore elle était présente dans le scénario ciné écrit par Giono). Il glisse une petite référence à Moby Dick dont Giono était le traducteur, avec le Pequod, le baleinier commandé par le Commandant Achab. En amoureux du verbe, Jacques Ferrandez se concentre sur des personnages qui n'ont pas leur langue dans leur poche, comme Gina la vieille ; de l'amour à revendre, comme le besson et Gina la jeune ; ou de la poésie plein la tête comme Antonio. Par son trait doux et chaleureux, Ferrandez recrée des paysages somptueux et évocateurs pour donner une dimension épique. Pour mieux capter l'âme de ces grands espaces, Ferrandez a arpenté pour effectuer ses repérages entre le Pays du haut et le Pays du bas, sans oublier la Durance qui n'a rien a envier au Rio Grande ! Un excellent western à la sauce méridional, à déguster sans attendre.