L'histoire :
Pierre de Chagny a bien dû se rendre à l’évidence au regard des derniers événements qui animent l’Opéra Garnier en cette année 1869 : morts suspectes, chantages, sabotages et enlèvements sont l’œuvre d’une mystérieuse créature qui se fait appeler Le Fantôme de l’Opéra. Et il faut bien dire que ça tombe plutôt mal puisque le jeune homme vient de retrouver celle qu’il aime depuis l’enfance, la belle Ingrid. Il faut en effet comprendre que la jeune femme est une des cantatrices phare de l’Opéra et qu’elle est tombée sous la coupe de ce diable de fantôme. Réunis sur le toit du splendide édifice parisien, Pierre et Ingrid se livrent enfin. Pierre, en particulier, comprend un peu mieux comment celle qu’il aime a pu se laisser envoûter par cette créature épouvantable qu’elle nomme Erik. Les malheureux ont beau faire, le fantôme les a entendus. Pas assez cependant pour comprendre que les deux amoureux ont décidé de fuir cet endroit maléfique. Tout au moins pas avant le lendemain à minuit. Car Ingrid ne peut se résoudre à quitter son fantôme avant de satisfaire un dernier rendez-vous quelque part dans les souterrains parisiens. Fou d’amour pour Ingrid, Le Fantôme de l’Opéra la laissera-t-il partir ensuite ? Et surtout que dira-t-il quand il s’apercevra qu’elle a perdu l’anneau d’or qu’il lui avait confié. D’autant que porter le bijou était, semble-t-il, la condition sine qua non pour qu’elle reste en liberté. Ou plutôt qu’elle n’ait pas de gros ennuis…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Une seconde fois, Christophe Gaultier se saisit parfaitement de l’atmosphère anxiogène et mystérieuse du récit original de Gaston Leroux, pour en livrer habilement la conclusion. Sa patte souvent élastique, griffant à l’aide de petites hachures le dessin, diablement expressionniste, ou ses cadrages impeccablement posés, les pauses puis le mouvement – le tout rehaussé d’une excellente mise en couleur de Marie Galopin – entretiennent le trouble à loisir. Difficile alors de ne pas se laisser happer par cette angoissante partition jouant à nous laisser flâner au bord du précipice. Ou plus simplement qui s’amuse à nous foutre la trouille et à nous interdire de s’attacher à ces pauvres ères tombés dans les griffes d’Erik, Le Fantôme de l’Opéra. Le sort de Pierre Comte de Chagny est-il ainsi scellé, qui tutoiera bientôt les fumées brûlantes de l’Enfer ? N’est il pas déjà trop tard pour que la belle Ingrid défasse les liens qui se sont enroulés autour de sa destinée ? Peut-on choisir d’aimer ou d’être aimé ? Voilà de quoi attiser les braises du suspens, pénétrer dans l’antre de notre fantôme, visiter les sous-sols de l’Opéra Garnier… et en apprendre un peu plus sur le passé de ce drôle de citoyen. En particulier grâce à l’arrivée du Persan, Daroga ex-chef de la police de Téhéran. Impossible d’éviter l’affrontement final, en tout cas, ou d’être certain que l’eau pourra vaincre le feu sans nous noyer. Bref, de quoi mettre un terme à nos angoissants questionnements pour une conclusion peut-être un peu rapide, mais parfaitement dans le tempo fantastico-énigmatique si habilement distillé tout au long de cette adaptation très réussie.