L'histoire :
Algérie, automne 1913. Dans une carriole, Kaddour ramène Henri Cormery et sa femme Lucie, sur le point d’accoucher, en direction de leur maison de Solférino, dans le domaine du Saint-Apôtre. Arrivé à bon port, Henri installe sa femme dans une chambre et demande à Kaddour de surveiller la maison, pendant qu’il va chercher le docteur. Henri revient avec le docteur mais le bébé est déjà sorti : c’est un garçon… Il s’appellera Jacques !
Saint-Brieuc, juin 1957. Un jeune homme habillé d’un pardessus descend en gare de St Brieuc. Il se rend au cimetière et demande au gardien où se situe le Carré du Souvenir Français pour se rendre sur la tombe d’Henri Cormery, blessé mortellement à la Bataille de la Marne et mort à Saint-Brieuc, le 14 octobre 1914. C’était son père ! Jacques Cormery a aujourd’hui 40 ans et se rend compte que son père est mort à 29 ans, à un âge qu’il a dépassé depuis longtemps. Quelques jours plus tard, à Paris, au siège des Éditions Gallimard, Jacques Cormery, écrivain foisonnant, présente son nouvel ouvrage, Les Nomades, au cours d’une soirée. Jacques a la tête ailleurs, préoccupé par l’idée de rentrer en Algérie où vit sa mère, un pays en proie aux « Évènements ». Il est sorti de sa torpeur par Jessica, une très belle femme exprimant toute son admiration pour son œuvre…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le 4 janvier 1960, la vie d’Albert Camus prend un virage tragique. La voiture conduite par Michel Gallimard, son éditeur, qui perdra lui aussi la vie, percute un platane. Camus meurt, laissant derrière lui une œuvre magistrale et un manuscrit de 144 pages, portant le titre Le Premier Homme. Déjà auteur de l’Hôte et de l’Étranger, Jacques Ferrandez adapte une nouvelle fois Camus, jetant son dévolu sur un ouvrage posthume et inachevé. Il réinterprète merveilleusement cette quête d’identité d’un fils qui cherche à en savoir plus sur son père, mort alors qu’il était enfant. Il découvre son passé de zouave, rencontre Mr Bernard son ancien maître d’école, retrouve M. Veillard qui a repris la ferme de Solferino où il est né. Cette enquête est surtout l’occasion pour l’auteur, outre de percer le mystère de Cormery père, d’explorer le contexte social d’une Algérie sur la voie de l’indépendance et de partager la dure vie de ses habitants. Et il y a Jessica. Quoi de mieux qu’une femme pour faire ressortir des secrets enfouis : Le premier homme, c’est celui qui pose ses bagages quelque part pour y construire une nouvelle histoire familiale. Avec son trait délicat, Ferrandez, fils spirituel de Tardi et enfant de la revue À Suivre, revisite ce passé qu’il a connu un temps, lui le français d’Algérie, qui a posé ses valises à Nice, de l’autre côté de la Méditerranée. Il dissémine dans ses cases des références personnelles, comme la façade du magasin de chaussures de ses grands-parents « Chaussures Roig ». Le premier homme marque la fin de la trilogie Camus de Ferrandez. L’auteur au regard bleu azur devrait reprendre ses Carnets d’Orient, mais ça, c’est une autre histoire.