L'histoire :
Gamaïoun, l’oiseau à tête humaine, propose de raconter une histoire de bravoure et d’amour, issue de la mythologie slave. Tout commence par une pomme d’or, réservée à une princesse guerrière car elle lui procure jeunesse et force. Mais un fougueux tsarevitch parvient à lui dérober tout un stock de pommes. Dans la bataille qui s’ensuit, une pomme roule à terre, jusqu’au terrier d’une souris. La souris s’empresse de manger la pomme, mais elle est surprise par un moineau. Bien qu’il fut son ami jusqu’à présent, le petit oiseau s’en va dénoncer l’infamie auprès du roi des animaux, le lion. Mais le lion n’en a cure. Le moineau s’en va donc dénoncer l’infamie de la souris et le mépris du lion, auprès du roi des oiseaux, l’aigle. L’aigle entre dans une rage folle et déclenche une guerre. Une terrible bataille s’enclenche alors entre les volatiles et les animaux terrestres. Au terme de l’affrontement, c’est l’aigle qui terrasse le lion. Mais il est affaibli et se réfugie au sommet d’un grand arbre, le temps de reprendre des forces. C’est alors que vient à passer par là un simple marchand, venu en forêt pour chasser. Curieuse chasse, en réalité, car le marchand vient de sauver un serpent du feu ; et en remerciements, le serpent a accordé au marchand le don de pouvoir parler avec les animaux, en le piquant de son venin spécial. Le marchand peut ainsi comprendre que l’aigle lui propose un marché : qu’il le soigne, et lorsqu’il aura recouvré ses forces, il le couvrira d’or…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
L’auteur est russe, mais le décorum pour ce Roi des oiseaux vous fera parfois penser que vous êtes dans un épisode des Mystérieuses citées d’or, du côté de l’imaginaire précolombien. En effet, qui dit oiseau, dit plumes… Pour autant, ce conte ne s’inspire d’aucun connu – et notamment pas de l’inévitable socle que constituent ceux de Grimm ou de Perrault de ce côté-ci de l’Oural. On suit ici de manière assez linéaires les extraordinaires pérégrinations d’un marchand (on ne saura jamais marchand de quoi), puis de son fils. A la manière d’Hercule qui doit enquiller les travaux, ces deux-là se retrouvent à devoir satisfaire différents désidératas afin d’aspirer pouvoir vivre en paix. Les missions surréalistes sont exigées par différents animaux qui ne transigent pas avec leurs grands principes, quitte à imposer la cruauté, mais aussi de diverses créatures et divinités. Le conte rebondit ainsi de quêtes initiatiques en parenthèses enchantées, en suivant un scénario à tiroirs, sur 172 planches… presque à la manière des Mille et une nuits. Ou plutôt, s’agissant d’une narration typiquement russe, à la manière des matriochkas : à l’intérieur d’une quête, se trouve une autre quête, qui contient une autre quête, etc. C’est très vivant, très coloré, véritablement flamboyant, plein de féeries, d’aventures fantastiques avec des animaux qui causent.