L'histoire :
Un étrange individu prend l’apparence de personnages différents. Il vit leurs vies. Il passe au vestiaire où des panoplies, visages inclus, sont pendues. Il en saisit une. Il devient un homme cheveux courts, habillés de rouge. Il marche et s’arrête. Il prend un verre avec une jeune femme à la terrasse d’un café. Il lui dit que quand il se promène en ville, il observe au loin. Au loin, il voit des gens qui ne sont que des silhouettes sombres et fantomatiques. Il ne sait pas si elles s’avancent vers lui ou si elles s’éloignent. L’homme quitte la table passe derrière un arbre prend une nouvelle apparence. Il est désormais un homme habillé en bleu, façon, casual Friday, avec une houppette sur le crâne. Il passe devant certains lieux qui lui rappellent de douloureux souvenirs. La seule façon pour lui de les effacer est de revenir dans ces mêmes endroits et de les remplacer par de nouveaux moments. Ces moments deviennent alors des souvenirs qui se renouvellent encore et encore…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après être sorti diplômé des Beaux-Arts de Nancy en 2010, Victor Hussenot s’illustre dans les revues Citrus, la Quinzaine Littéraire, XXI... Avec Les spectateurs, il signe un OVNI graphique dans la lignée de ses précédents albums La Casa, Le pays des Lignes et Les Gris colorés. Les Spectateurs est l’adaptation française de son album intitulé The Spectators, qu’il a publié chez Nobrow, directement en langue anglaise. Ce voyage fascinant nous entraîne dans les méandres du monde urbain. Le personnage change de peau pour vivre 15 vies, dont découlent 15 histoires. Tout s’enchaîne comme dans un puzzle de la vie où chacun joue un rôle. Un homme se retrouve face à son alter ego plus jeune de 20 ans. Deux inconnus sont assis sur le même banc mais ne voient pas la même chose. Question de point de vue. Dans la pénombre de la nuit, une fenêtre d’immeuble est allumée. Elle rassure une jeune femme insomniaque. De l’autre côté un autre individu n’arrive pas à trouver le sommeil. La narration de Hussenot est fluide, pleine de mystères, décrivant un monde d’âmes égarées qui cherchent leurs chemins. Enfant, adulte ou vieillard, nos questions évoluent vers le mystique, sans savoir ce qu’il aura après. Densifié par des couleurs à l’eau, son dessin perpétue cette impression générale d’étrange, particulièrement saisissante, avec des personnages qui visionnent le monde comme des projecteurs de salle de cinéma. Les spectateurs, ce n’est pas au sens propre une bande dessinée, mais plutôt une prose illustrée. Une fois renfermée, on se demande d’ailleurs lequel des spectateurs, on peut être…