L'histoire :
Sur une plage de galets, on découvre le corps allongé d’une petite fille. Elle ne rêve plus, elle a rêvé. La mer Méditerranée qui lui fait face avec son bleu azur se souvient d’elle. La petite fille a été nourrie avec les mots de son père. Il lui disait qu’au nord, tout était différent. Les gens y étaient bien habillés. Les mots de son père ont nourri ses rêves. Les écoles sont belles avec des règles pour faire des traits droits et des compas pour dessiner la Terre, le soleil et toutes les autres formes rondes. Elle rêvait aussi de ses futures camarades de classe. Elle pensait que ses amies auraient les cheveux blonds et les yeux bleus. Elle demandait à sa mère : tu crois que les yeux deviennent bleus si on regarde longtemps la neige ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Méditerranée, Aux îles d'or ensoleillées, Aux rivages sans nuages Au ciel enchanté, Méditerranée, c'est une fée qui t'a donné ton décor et ta beauté… chantait Tino Rossi en 1955. Les temps ont bien changé. Les différents conflits armés au Soudan ou en Syrie ont obligé les populations locales à migrer vers d’autres cieux. Pour traverser la Grande Bleue, il faut se faire une place sur des embarcations de fortune. Beaucoup finissent au fond de l’eau et la mer, dans ses va-et-vient, rejette les corps des naufragés. Tout le monde a été traumatisé par les images du petit Aylan sur une plage de Turquie. Edmond Baudouin, en amoureux de la Méditerranée, s’empare du sujet et raconte l’histoire de cette petite fille qui rêve d’un monde meilleur. Ses mots empreints de poésie et de douceur accompagnent des flots de gouache bleus qui s’enflamment avant de devenir mer d’huile. Comme si la mort (mot jamais écrit par Baudouin) de la jeune fille réveillait la colère de la Mer. Une histoire belle et tragique à la fois, inclassable, qui s'apparente plus à de la poésie picturale qu'à de la bande dessinée proprement dite.