L'histoire :
L'Iran, c'est tout sa vie, ou presque. Majid Bita grandit au sein d'une famille très solidaire et cultivée. Son histoire débute dans les années 90, au lendemain de la guerre contre l'Irak. La tension est palpable dans la société. Cela s'entremêle de souvenirs comme les délicieux gâteaux de la grand-mère qu'il aime dérober, l'odeur du tabac que fument les hommes, le grésillement de la radio... Des petites choses restent, dont des actes de rebellions pour lutter à sa manière contre les interdits du régime de l'Ayatollah Khomeini. Enfant, on ne comprend pas toujours tout ça. Une partie de l'innocence se cultive, même si on sent des tensions. En grandissant, une forme d'angoisse reste présente en lui. Quelques non-dits finissent par se communiquer, se partager, se disputer dans le cadre familial. Progressivement, l'espoir doit laisser la place à la réalité. Devenu étudiant, Majid prend en plein visage le carcan répressif de son pays ainsi la présence de la violence, la peur. Il n'a d'autre choix que de partir pour faire ce qu'il aime en totale liberté. Une blessure du départ qui ne l'a jamais quitté...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Cette autobiographie résonne fortement avec l'actualité des conflits actuels dans le monde. Le focus se fait à travers le regard de ceux qui subissent les dictateurs. On suit l'évolution d'un petit garçon plein d'innocence, jusqu'à ce qu'il devienne un jeune homme capable d'utiliser son esprit critique. L'exil s'est imposé à lui, surtout pour devenir un artiste. Il livre ici un témoignage fort dont l'intensité est amplifiée par le dessin. Son trait est marqué, très dense et joue sur les nuances de blanc, laissées volontairement ou griffées. Une souffrance, une dureté ressort des images. Ces représentations fantasmagoriques mélangent des réminiscences, des interprétations ainsi que les mythes et légendes. Nous sommes loin de l'approche de Marjane Satrapi qui aborde la condition féminine et la pression familiale. La BD ne laisse pas le lecteur indifférent. Qu'importe ce qu'il ressent, que ça soit de la gêne, de la colère ou de l'indignation. Cet album de plus de 300 pages d'immersion impacte. L'auteur écrit une postface pour expliquer son objectif, donner plus d'informations, comme pour prolonger autant que possible son propos et sa démarche. Dans ce genre d'introspection, une fin est-elle envisageable ?