L'histoire :
1953. Rio de Janeiro. Maria, jeune fille de 13 ans, sort des cours en compagnie d'une amie, une petite bourgeoise. Cette dernière attend sa baba, une nounou noire assez forte, qui doit la raccompagner jusque chez elle. Maria vient avec elles, car une partie de son chemin est le même, puis les quitte pour terminer la route toute seule. A quelques mètres de l'entrée de son immeuble, un petit vendeur noir tente de lui vendre des cacahuètes, mais ce dernier cesse de l'importuner en entendant les remontrances du concierge de l'immeuble, noir lui aussi. Quelques minutes après que l'écolière soit rentrée, une femme noire assez corpulente arrive et est accueillie à bras ouvert par le gardien, qui l'aide même à porter ses courses. Il s'agit en fait de la mère de Maria. Depuis la naissance de sa fille, elle est prête à tous les sacrifices afin de protéger sa fille du racisme ambiant de la société brésilienne et espère que la peau de Maria, qui est blanche, l'aidera à sortir de sa condition…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ce premier tome prend le cadre d'un pays idyllique pour bon nombre de personnes : le Brésil. Le soleil, les filles sur les plages, le football… On en oublierait presque que ce pays est couvert de bidonvilles et souffre d'un certain racisme. Prenant comme contexte les années 50, Jean-Christophe Camus (La Bible, chez Delcourt) nous propose une histoire touchante où l'on découvre une jeune fille métis découvrir ses origines et ainsi se confronter au regard des gens. Elle, qui a la peau blanche, alors que sa famille a la peau noire… Le scénario rappellera aussi la série Aya de Yopougon, en raison de la découverte d'un pays à une période précise, de ses personnages haut en couleur. Pourtant, Negrinha se révèle moins percutant et moins passionnant que cette dernière. En effet, l'ensemble est un peu mièvre et manque sérieusement d'intensité. Olivier Tallec, dont il s’agit de la première bande dessinée, nous offre une prestation mitigée : d'un côté le trait est très épuré (trop ?), de l'autre sa colorisation en couleur directe est vraiment intéressante. Negrinha se poursuivra sans doute dans un éventuel second volet. Espérons que les auteurs corrigeront ces quelques faiblesses, car dans l'instant cette mise en bouche reste sympathique… sans plus.