L'histoire :
Scottie et sa sœur Swan Manderley sont parvenus à intégrer les Beaux-Arts de Paris. Mais pour y parvenir, Swan a dû endosser les habits d'un homme et se couper les cheveux. Swan s'est signalée en remportant le Premier Prix de dessin de torse, devant les regards médusés des autres élèves. Alors qu'Ingres lui remet la médaille, Fouilladieu s'offusque car l'artiste est américain et profite donc de l'enseignement français. Ce à quoi Ingres rétorque de Swan Maderley possède la nationalité française. Dans la calèche qui les ramène chez eux, Swan se change pour retrouver une apparence féminine et Scottie ne manque pas de la prévenir que les jalousies dont elle fait l'objet pourraient bien lui être fatales. Mais elle n'en a que faire. Ce qui lui importe, c'est l'art avant tout. Paris aime trop les cancans et si on apprend qu'une femme suit l'École des Beaux-Arts, les Manderley pourraient bien faire une croix sur tous leurs projets ! Pendant ce temps, un certain Claude Monet vient s'installer dans la Capitale. A peine arrivé, il se met en quête de retrouver Gautier qu'il pourrait bien trouver au Café Terminus, vu que c'est un habitué des lieux. Au même moment, Swan et sa servante Salamandre se rendent chez Édouard Manet.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Avec ce nouvel épisode de Swan, Néjib nous régale. Swan est prise dans un étau entre la féminité qu'elle cache sous le manteau de masculinité dans l'univers artistique, et la féminité qu'elle dévoile auprès de Manet. Le travestissement est ici une transgression des codes, un thème qui avait déjà conduit l'auteur à réaliser Haddon Hall, son album sur Bowie. Tiraillée, l'héroïne montre une grande distanciation par rapport à sa nature. Chose on ne peut plus normale dans un monde d'hommes, où il faut jouer des coudes pour exister. Néjib appuie aussi sur le racisme ambiant qui se développe à l'égard de Swan, de nationalité américaine. Un racisme qui monte crescendo... Même si la narration est moins fluide, le récit se reconstitue au fur et à mesure des pages, pour trouver peu à peu une unité dans un esprit romanesque certain. A travers son dessin, Néjib ne tombe pas dans le superflu. Son style très simple et épuré se montre ô combien direct, avec une prédominance chromatique de bleu, d'ocre, de violet et de lie de vin. Le prochain et dernier tome Le déjeuner sur l'herbe devrait, comme son nom l'indique, faire de Claude Monet un personnage central. Mais quel sera son rôle dans la destinée de Swan ? Telle est la question.