L'histoire :
Yumiko aime l’excitation de Londres, son bruit et ses vies multiples qu’elle percute chaque jour. Jeune graphiste, originaire de Tokyo, elle ne se souvient plus exactement quand elle est arrivée. Elle sait simplement que l’adaptation n’a pas été tous les jours facile. Elle se souvient qu’il lui a fallu du travail, de la détermination et de la chance. Mais aujourd’hui elle se sent bien. Elle est fière de s’être intégrée. Et si elle est japonaise et retourne parfois dans son pays natal, elle n’a aucun doute pour dire qu’elle est chez elle à Londres. Pourtant, Mark son fiancé lui fait remarquer sa gêne lorsqu'elle croise, au hasard d’une promenade, des compatriotes. Aurait-elle une forme de honte à se sentir aussi bien loin du Japon ? Pour l’instant, Yumiko n’a jamais eu l’occasion de répondre à cette question. Pourtant cette question prend tout son sens le jour où elle apprend la mort accidentelle de son père et s’envole pour Tokyo retrouver sa famille et assister aux funérailles...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Elle ne sait même plus depuis combien de temps elle s’est laissée adopter par Londres et son chaos, son bruit ou son énergie. Elle y dirige sa propre société. Elle ose à peine soutenir le regard de ses compatriotes japonais lorsqu'elle les croise dans la City, alors qu’ils déambulent en touristes. Yumiko va bientôt se marier avec un londonien pur jus… Frappée de plein fouet par le décès de son père et un retour de quelques jours auprès de sa famille à Tokyo, la jeune femme franchira une étape. De celle qui, au-delà du simple bilan, lui permettra de régler définitivement la question de son attachement à ses racines ou sa culture. De celle qui, dans le même mouvement, la convaincra que sa place est bien celle qu’elle a choisie. Et ce, sans avoir besoin de jouer un rôle (celui confié par sa maman) ou de demander la permission (à son papa)… Peut-être nourri par sa propre expérience (il est né à Tokyo, y a grandi, puis s’est installé à Londres), Fumio Obata explore très justement la question de l’identité à travers les thématiques conjuguées du déracinement, de la filiation et de la culture. Servie par un jeu d’aquarelles très élégamment imbibées et des cadrages choisis, la carte émotionnelle se décline toute en douceur. La force de l’exercice tient d’ailleurs à la fois principalement dans cette retenue, mais également dans la mise en perspective des décalages culturels (en particulier ceux liés à la codification des émotions, parfaitement éclairés par les incursions du théâtre nô). Ainsi, même si au final, il ne se passe pas grand-chose, on apprend beaucoup et on se laisse agréablement faire.
