L'histoire :
Gisli et plusieurs enfants du village ont dû quitter leur village et leurs familles. Ils l’ont fait contraints et forcés, après avoir découvert qu’ils étaient, à leur insu, responsables du massacre de plusieurs villageois. A la nuit tombée, en effet, ils se transforment mystérieusement en bêtes sauvages et attaquent sans discernement. Pendant leur fuite en forêt, ils croisent Thornsteinn, un étrange chevalier borgne qui propose de les aider. Sans qu’il ne leur dise rien, l’homme semble en connaitre beaucoup sur les raisons de ces mystérieuses et funestes transformations. Une nuit, alors que tous semblent dormir, Thornsteinn reçoit la visite des « doubles animaux » des enfants. Étonnamment, ils se contentent de le renifler quelques minutes avant de disparaître. Pour autant, cette visite sonne comme un avertissement et le chevalier décide de reprendre la route pour s’éloigner le plus loin possible du village : l’esprit qui anime les « doubles animaux » est d’une force colossale et Thornsteinn ne sait s’il pourra lui résister longtemps. Les enfants quant à eux sont bien obligés de lui faire confiance, même si, peu à peu, la plupart sont convaincus que ce borgne-là a tout du sale type. Quelles sont ses véritables intentions ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Comme on l’imaginait, c’est bien sous les atours de ce mystérieux chevalier borgne, rencontré à la fin de la première partie, que l’intrigue nous livrera toutes ses clefs. Sorcière géante, gros matou complice, artifices magiques, alliances et vengeance... mais surtout l’histoire contée de l’ermite Trollaukinn « à travers la bouche » d’un des adolescents scelleront la vérité. De quoi, en tout cas, éclairer notre lanterne (le pourquoi des transformations animales…), au rythme d’un conte médiéval fantastique, à l’issue pas des plus audacieuses, mais parfaitement équilibrée. Si la première partie de ce final traîne encore un brin des pieds en misant plutôt sur l’effet anxiogène et le rythme en tension produit par le jeu de relation entre le chevalier Thornsteinn et le groupe d’enfants, la seconde s’octroie quelques petits rebondissements et un peu d’action. On regrettera juste que le potentiel offert par plusieurs banderilles à peine piquées n’ait pas été plus exploité, pour donner un véritable relief à l’ensemble. En particulier, les velléités charismatiques des principaux personnages, l’histoire de Trollaukinn ou de la sorcière géante et le rôle de certains adolescents (la plupart sont totalement inactifs) pouvaient offrir de savoureux prolongements. La ligne claire – empreinte d’un cachet moderne du meilleur effet – livrée par Hugo Piette porte de façon convaincante l’ensemble. Elle reste cohérente au regard des intentions du récit : beaucoup d’angoisse, un peu de violence et d’effroi, du fantastique, du médiéval et une pointe de mouvement.