L'histoire :
Clocher-les-Bécasses. Le facteur porte une lettre pour Bécassine. C’est Zidore qui lui écrit. Il s’est installé depuis une année en Provence où il exerce le métier de garçon de café dans un établissement. Il invite Bécassine à venir le rejoindre pour profiter des rayons du soleil. Bécassine est quelque peu circonspecte à l’idée de prendre des vacances. Il n’y a pas de train pour Fadet-les-Grillons. Et puis, qui va s’occuper de la maison pendant son absence ? Son oncle la rassure. Bécassine prend le train pour Lyon où elle crèchera quelques jours chez Denise Lampe-Hortepiès, une amie de la famille. Sur le trajet, elle fait la connaissance de Maître Preux-Vallapuits, une avocate qui descend sur Nice. Bécassine est épatée par le fait qu’une femme puisse exercer un métier d’hommes (toute une époque !). Bécassine descend en gare de Lyon et fait un passage remarqué au parc de la Tête-d’Or où elle découvre un drôle de spectacle de marionnettes mettant en scène Gnafron, un gendarme et Guignol. Bécassine ne peut s’empêcher d'y mettre son grain de sel…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Bécassine, réanimée en chanson dans les années 80 par sa pseudo-cousine Chantal Goya, est avant tout une icône antique de la bande dessinée française, au même titre que les Pieds Nickelés. Apparue en 1905 dans la Semaine de Suzette, l’héroïne a bercé des générations de jeunes lecteurs jusqu’à la fin des années 30. Née sous le crayon de l’illustrateur Émile-Joseph-Porphyre Pinchon, elle était scénarisée par Caumery (Maurice Languereau). Bécassine alias Annaïck Labornez est une gentille bretonne, un brin candide, qui tient son surnom de la bécasse, un volatile considéré comme niais. Pour la petite histoire, ce personnage a été controversé car il symbolisait la provinciale dans toute sa candeur, telle qu’elle était perçue par les élites bourgeoises parisiennes. Plus de 110 ans après ses débuts, Bécassine revient avec le prolifique Éric Cobeyran au scénario et Béja au dessin. Il faut souligner ici le formidable travail d’adaptation de Corbeyran. Le scénariste bordelais d’origine méridionale est fidèle à l’univers de Bécassine tant par les dialogues ou expressions utilisées (Ma doué, c’est quoi t’est-ce ?...) que par l’esprit de l’héroïne dont la naïveté confondante offre de formidables quiproquos (les bouchons lyonnais, le bouillon d’hélice, les quilles…). On rit volontiers et on se laisse délicatement surprendre par ce bonbon suranné qui ne manque pas d’évoquer subtilement le féminisme et autres thématiques modernes. Le dessin de Béja respecte l’âme des récits d’antan (en utilisant notamment le fameux encadré de planche et ses petits losanges en coin). Mais il s’en affranchit en donnant une nouvelle vie à la bretonne dépourvue de bouche, avec un trait souple et vivace. Un bel hommage qui est aussi une bonne façon de (re)découvrir Bécassine. Les fans de la première heure apprécieront…