L'histoire :
Dans les années 1630, des colons français s’installent sur une île du fleuve Saint-Laurent, sur laquelle les iroquois avaient jadis un camp appelé Osheaga. Ils l’appellent « l’habitation des trois-rivières », puis bientôt Ville-Marie. En son sein, le blanc Gauthier et le algonquin Askou, des gamins, apprennent les rudiments de la chasse et de la guerre au contact de Tekola, un guerrier huron. Mais les guerres iroquoises se chargent de les séparer durant de longues années. La communauté française grossit ainsi, sous la houlette des prêtres jésuites, sans trop pâtir des attaques d’iroquois, dont les campements sont trop éloignés. Les chefs de la communauté s’engagent néanmoins dans un rapprochement profitable avec les algonquins. Le deal s’établit autour du commerce et de la protection, contre des arquebuses et une évangélisation de ce peuple primitif. Gauthier, lui, tombe amoureux d’une jeune veuve rousse, Brigitte Rougelot. Mais malgré ses tentatives de séduction, la belle garde ses distances. C’est alors que le chef algonquin Tessouat revient à la forteresse avec ses hommes, pour enfin fusionner leurs deux peuples. Parmi eux, Gauthier retrouve son ami Askou…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
1642 est un diptyque-concept, qui propose de suivre une même histoire traitée selon deux points de vues différents : celui de l’indien huron Askou (dans Osheaga), et celui du français Gauthier (dans le présent Ville-Marie). Les scénaristes canadiens François Lapierre et Tzara Maud font ainsi œuvre historique concernant leur patrie et leur ville (Ville-Marie s’appelle aujourd’hui… Montréal !). Les bases des deux opus sont quasi semblables : on n’apprend rien dans les premières pages, si a déjà lu l’autre volet. Néanmoins, à partir de la page 20 environ, la tonalité de Ville-Marie se fait plus proche de la romance que dans Osheaga. En marge des guerres iroquoises, Gauthier tente en effet de séduire Brigitte ; et sans vouloir spoiler, ce n’est pas gagné. Les histoires d’amour et leur cohorte de jalousies, de conquêtes, d’emprises et d’appropriations, sont souvent à l’origine de gros problèmes… La reconstitution historique est néanmoins riche d’enseignement sur la vie des premiers colons et leurs relations avec les autochtones. Cette approche didactique et finalement assez soft, lui permet d’être tout-public. Elle est dessinée pour ce tome par Jean-Paul Eid, qui parvient à être raccord avec le dessin de l’autre volet concernant le chara-design (il était indispensable de bien reconnaître les personnages pour tout bien suivre !), tout en dévoilant sa griffe propre, semi-réaliste. La fresque se termine dans ce volume par un rebondissement tout aussi inattendu que celui d’Osheaga, et néanmoins différent. Bien joué !