L'histoire :
Les riches ne comprennent pas pourquoi il y a autant de pauvres, alors que ces derniers se multiplient et ne peuvent que regarder les riches avec envie. Crabes dans l’assiette, bijoux aux bras, manteaux de fourrure sur le dos, les gens aisés ne manquent de rien, alors que les pauvres portent des haillons et mangent avec peine de la soupe… Misère humaine ! Que ce soit l’homme qui tue sa propre planète, la nature qui se venge ou Satan qui dicte les mauvaises actions de l’homme, on n’arrête pas le progrès… Entre le bébé qui rêve de devenir une star porno comme sa grand-mère et les jeunes qui n’écoutent plus les anciens, la jeunesse d’aujourd’hui est contrastée. Pourtant, les jeunes ne font que reproduire l’erreur de leurs parents… Faites des gosses ! Les vieillards ont aussi leur rituel et changent parfois en vieillissant. Pourtant, qu’ils soient heureux ou puissants, ils ne pourront éviter la faucheuse et son implacable destin…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
L’auteur argentin Quino est à l’honneur cette année : alors que l’on fête les cinquante ans de création de son personnage fétiche, Mafalda, on célèbre également ses soixante ans de carrière dans le neuvième art ! Glénat lui rend donc hommage en publiant ce petit volume de dessins d’humour, qui mettent en scène des personnages anonymes, à la différence de son travail sur Mafalda. Les planches sont regroupées sous des thématiques communes comme la guerre, la vieillesse, les inégalités sociales, les bébés, l’art… L’auteur offre des réflexions corrosives sur l’actualité de notre temps et on se rend rapidement compte que la critique est atemporelle tant elle est subtile et profonde. Quino joue sur tous les registres possibles pour susciter le gag, alliant avec finesse l’art graphique au rythme des cases, doublé d’une grande maîtrise narrative. Les chutes de dernière case constituent parfois des moments percutants. Mais l’auteur varie à l’envie le traitement de l’humour et il n’est jamais répétitif. Certaines pages sont aussi de véritables moments d’anthologie, comme le parallèle entre les pensées futiles d’une bourgeoise européenne et le cri de famine d’une Africaine ; ou comme une usine polluante qui fabrique les remèdes contre sa propre pollution ! Le graphisme est exceptionnel d’inventivité quant à la conception de l’humour. Comme encore cette scène où des parents admirent la chambre de leur petite, surchargée de peluches, sans se douter que cette même chambre sera plus tard le réceptacle des cadavres des amants rejetés par la belle ! Le ton est la plupart du temps très amer. Quino ne se fait aucune illusion sur la nature humaine et son œuvre est une dénonciation violente de l’égoïsme et de la bêtise. Certains messages sont de véritables coups de poing, comme quand il attaque durement les riches, l’armée ou le patronat. Certaines parties sont tout de même plus faibles que d’autres et Quino perd de sa puissance quand son humour n’est pas aussi grinçant ou quand il évoque des sujets plus légers. A mi-chemin entre le style sombre de Serre et la dénonciation sociale de Plantu, le dessin de Quino est pourtant poétique, vraiment très efficace et toujours novateur, au service du rire. Grâce à cet album, on redécouvre tout le talent de Quino qui mérite aussi d’être connu par son travail sans Mafalda.