L'histoire :
A notre époque, à la frontière entre l’Australie occidentale et les territoires du Nord, une petite ville s’est créée autour de la Foe Gold Mining. Le Pub Youri’s Road House fait le plein chaque soir. Sa recette est simple : les serveuses sont topless pour le plus grand bonheur des clients. A quelques mètres de là, Stan le propriétaire du Stan’s and Bar fait la grimace. Un seul client est accoudé au bar et il se trouve dans le rouge, au bord de la faillite. La seule solution est de copier son voisin. Dans le bureau de Stan, Birdy s’insurge contre cette idée. Il est hors de question qu’elle serve les clients topless ! Elle démissionne. Sans moyen pour rentrer chez elle, Birdy décide de faire du stop et tombe sur Ellie, une jeune aborigène qui a intégré la mine dans le cadre d’un programme d’insertion pour sa communauté. Les deux femmes ont des caractères opposés, mais néanmoins le courant passe bien. En rentrant à la maison, Birdy se retrouve nez à nez avec son beau-père Roy et ses fils, qui ont une attitude plutôt hostile envers elle. Elle traverse le couloir pour se rendre au chevet de sa mère souffrante. Cette dernière, sentant sa fin proche, lui annonce qu’elle a fréquenté le président actuel de la Foe Gold Mining, il y a trente ans. Son héritage se trouve dans un coffre-fort dans la vieille mine désinfectée. Malheureusement pour elle, Roy a tout entendu et il est bien déterminé à lui souffler le butin.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
A prix d’or reprend une ficelle scénaristique éculée pour intrigue principal. Une jeune fille sans père apprend de sa mère malade un incroyable secret familial et se lance à cœur perdu dans la quête de son héritage. En opposition, le beau-père vénal souhaite mettre la main sur le magot. Cependant, à ce récit principal – et c’est la force de ce scénario – vient se mêler plusieurs histoires secondaires. Comme le scandale environnemental causé par l’ouverture d’une mine à charbon ; les pots de vin pour le développement de la mine ; les branches familiales de la famille Foe dont les cousins cherchent à diriger la compagnie depuis des décennies ; et enfin les références à « la » culture aborigène (si on peut en désigner une ainsi), avec la référence au gommier géant et ses racines millénaires plongeant jusqu’au cœur du monde. C’est d’ailleurs le développement des histoires secondaires qui donnent du corps au récit et renforcent l’intrigue principale. Le scénario de Nathalie Sergeef est dynamique, voire explosif. Une fois que la mise en situation est faite, les premiers coups de feu retentissent et la course-poursuite commence. Le récit est construit comme un film, avec des événements que le lecteur comprendra grâce à une analepse au cœur de la lecture. Au niveau de l’ambiance graphique, Bernard Khattou nous immerge à l’aide d’un trait réaliste dans la chaleur et l’humidité des marais australien. Avec un découpage conventionnel, le dynamisme est transcrit grâce à des effets de zoom et dézoome de case en case à la façon d’un « story-board » cinématographique. In fine, ce premier opus est rondement mené, avec une plongée rapide dans l’action, un récit clair et une très jolie ambiance graphique.
