L'histoire :
Dans une savane d’Afrique du sud, trois braconniers ont repéré une femelle rhinocéros et son petit. Ils garent leur 4x4 dans le sens inverse du vent et finissent leur approche à pieds. L’un d’eux sort son fusil et abat la femelle, tandis que l’autre démarre la tronçonneuse pour récupérer ses cornes. L’ivoire des rhinocéros est en effet une denrée très prisée dans certains pays d’Asie, pour ses vertus aphrodisiaques… bien que cela soit totalement bidon. A quelques distances de là, les rangers de la réserve reçoivent le signal GPS de cette maman rhinocéros en état de stress. Mais quand ils arrivent sur place, il est trop tard. Tandis que le soleil se couche, ils découvrent le cadavre de Karma dans une mare de sang. Ses deux cornes ont été tronçonnées, son petit est resté là, à côté, éperdu. Ils récupèrent le petit et font le point dès le lendemain en visio-conférence avec le parc zoologique des coteaux, en France, avec lequel ils travaillent. Cette nouvelle victime alourdit l’hécatombe. Les cinq espèces de rhinocéros d’Afrique sont désormais menacées d’extinction. Malgré tous les efforts engagés pour les préserver, les braconniers parviennent encore et toujours à les massacrer. Pendant ce temps, à Hong Kong, le sulfureux Dai Khanh reçoit sa belle corne de 2,5 kg et paie son chasseur. Ils ont conscience que la lutte contre le braconnage est en train de s’intensifier. Aussi envisagent-ils de procéder désormais à des attaques simultanées, afin de disperser les rangers…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Au cas où vous vivriez coupé du monde médiatique, on vous apprend une catastrophe authentique : la sixième extinction des espèces est en cours, elle s’accélère, et il y a toutes les chances pour que l’humanité en fasse partie. Emblème de cette extinction : le rhinocéros d’Afrique est sévèrement braconné, uniquement pour que des crétins sans scrupule revendent leur ivoire à d’autres décérébrés qui croient à ses pseudo-vertus aphrodisiaques. Il est utile de rappeler que ces cornes sont simplement composées de kératine, soit la substance qu’on trouve dans nos cheveux. Cet album en one-shot tire donc (une nouvelle fois) le signal d’alarme, au travers d’une histoire certes de fiction, mais tout à fait étayée par la réalité. Pierre-Roland Saint-Dizier met en scène des rangers d’Afrique (dans un pays jamais nommé) et des vétérinaires en France (d’un zoo imaginaire), qui additionnent leurs efforts dans un double objectif. Primo, lutter contre la chasse illégale, cruelle et stupide au rhinocéros ; deuxio repeupler les réserves naturelles à l’aide des petits rhinos nés par insémination dans les zoos. A travers un récit impeccablement rythmé et un dessin réaliste d’Andrea Mutti propret et limpide, la problématique est dévoilée de manière parfaitement explicite, à l’intention d’un large public. Certes, tout cela est un peu manichéen et cousu de fil blanc, mais l’intention est tellement louable qu’on aurait bien tort de faire les grincheux. L’album se termine par un dossier documentaire de 8 pages, revenant sur tous les aspects du problème et mettant en exergue les solutions et leurs acteurs.