L'histoire :
Emile Zola a grandi dans la misère à Aix en Provence, du fait du décès prématuré de son père, lorsqu’il avait 7 ans. Seul avec sa mère accablée par le créancier de feu son mari, Zola se lie d’amitié avec un certain Paul Cézanne. C’est d’ailleurs chez le peintre de génie que Zola va rencontrer sa femme, la belle Gabrielle. Elle est la muse de plusieurs peintres comme Pissarro ou Renoir. Zola tombe sous son charme et l’épouse en 1870. Elle profite de cet événement pour reprendre son premier prénom, Alexandrine. Un an plus tard, Emile Zola publie le premier des vingt tomes des Rougon-Macquart qui ne laissera personne indifférent. Sa notoriété et sa fortune grandissant, Zola s’installe à Medan avec sa femme. Ce lieu deviendra symbolique des soirées de l’élite culturelle, avec des Daudet, Flaubert, de Maupassant et bien d’autres. Le couple coule des jours paisibles en partageant leur temps entre Médan et la capitale française. Emile Zola tombe éperdument amoureux de Jeanne, la lingère de la maison de Medan. Contrairement à Alexandrine, Jeanne lui donnera deux enfants et Emile vivra une double vie jusqu’à sa mort. Sa femme lui apporte l’équilibre et sa maîtresse la joie. En 1894, l’affaire Dreyfus éclate. Ce polytechnicien alsacien et juif est accusé de haute trahison et jugé avec des preuves inventées de toutes pièces par les traîtres eux-mêmes. Emile Zola va s’engager en son nom propre pour cette cause, en publiant dans le journal l’Aurore la célèbre lettre à Félix Faure, président de la troisième république, J’accuse.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
L’affaire Zola est une biographie plutôt centrée sur l’implication de Zola dans l’affaire Dreyfus. L’album de plus de 120 planches passe rapidement sur l’enfance et la vie du célèbre écrivain. Le scénariste Jean-Charles Chapuzet se focalise sur l’affaire Dreyfus, scandale politique majeur de la Troisième République. Dans un contexte social délicat, après la défaite de la France face à l'Empire allemand, l’annexion de l'Alsace et de la Moselle en 1871 et la montée de l’antisémitisme, le peuple français est divisé entre les dreyfusards et les anti-dreyfusards. Emile Zola s’engage en son nom propre au risque de perdre sa notoriété. La fameuse lettre à Félix Faure parue dans le journal L’Aurore – le Figaro ayant apposé son veto aux convictions de Zola – met le feu aux poudres. Ses livres sont brûlés, sa famille menacée et l’écrivain est dans l’œil du cyclone. Évidemment, il est difficile de donner du rythme ou de construire du suspense sur une autobiographie, mais les auteurs s’en sortent plutôt bien. Au niveau du dessin, le trait semi-réaliste de Christophe Girard est parfait pour illustrer un roman graphique de cette période. Le lecteur se promène dans les ruelles sombres et dangereuses de la capitale, à travers des paysages verdoyants de province ou encore dans la moiteur et le sable du bagne de Cayenne. Le découpage des planches est irrégulier et casse le scénario linéaire de la biographie. Ce roman graphique met un coup de projecteur sur la prise de position d’un écrivain lu et reconnu, mettant en péril sa réputation et sa vie pour une cause et un combat contre l’injustice.