L'histoire :
A la fin d’un XIXe siècle imaginaire. Ombeline, danseuse adolescente, s’échappe de son cabaret avant de se retrouver prostituée malgré elle. Sans trop savoir ce qu’elle fait, elle se hisse à bord de l’Albatros, une caravelle pirate portée par un dirigeable. Elle fait alors la connaissance de la redoutable Emerance, chef des pirates de l’air. D’abord irritée par ce passager clandestin, Emerance décide néanmoins d’utiliser la jeune fille en tant que crash-test, pour ses essais de planeur. Ombeline, elle, préfère encore cette vie de liberté et de piraterie au destin tout tracé de danseuse. Or, elle se trouve être la nièce du gouverneur et ce dernier n’entend guère se la laisser enlever de la sorte. Il lance donc ses armées aux trousses de l’Albatros. Traqué en pleine tempête glacée, le vaisseau s’échoue en haut d’une montagne. Les soldats bravent néanmoins les éléments et l’assiègent, pensant négocier dès le lendemain un échange avec une autre adolescente. Durant la nuit, Emerance, qui ignore tout des origines d’Ombeline, descend cette dernière au pied du pic pour qu’elle dynamite le campement des soldats. Si elle explose avec, ce ne sera pas une grande perte…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Albatros tient moins par l’originalité de son scénario que parce que ce dernier permet à Vincent de faire montre d’un joli talent, dès sa première réalisation. Sur un style de dessin assez proche de celui de Régis Loisel (ce qui n’est pas la moindre des références), ce jeune auteur complet a prioritairement établi une ambiance très forte. Son monde, une sorte de steampunk atrabilaire, est triste jusqu’à la moelle : les personnages portent leurs destinées comme des fardeaux et la météo est encore plus exécrable dans ce second volet que dans le premier. Le titre est plus qu’un indice : l’ombre de Baudelaire accompagne en permanence les mésaventures d’Ombeline. Le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle et le spleen est à son paroxysme. En fait, l’engouement serait total s’il n’y avait comme une impression de déjà-vu… Ombeline préfère suivre une voie suicidaire qui lui offre la liberté plutôt qu’une longue destinée morose et sans avenir. Dès lors, ce second épisode poursuit la trame sans véritable surprise, déroulant et amplifiant les évènements tragiques mis en place au premier tome. On ne voit pas comment tout cela va pouvoir bien se terminer…