L'histoire :
En 1931, la réputation d’Albert Londres n’est plus à faire. L’homme couvre depuis 1914 les événements majeurs pour la presse française et il n’hésite pas à dénoncer les faits, quitte à se faire des ennemis. Avec un tirage en berne, l’édition du soir cherche à remonter son audience avec un scoop. Les indics du propriétaire du journal l’ont informé qu’Albert Londres est sur le point d’embarquer pour la Chine. Il n’y a aucun conflit ni évènement à couvrir dans l’Empire du Milieu. Appuyé par l’amirauté française qui a peur des articles antimilitariste, il charge son plus fin limier, le journaliste Charles Ravanin, de suivre Albert Londres en Chine. La haute sphère militaire fait bien de garder un œil sur Albert Londres, car cette dernière enquête sur une sombre affaire de vente d’arme et de trafic d’opium de la part de l’armée française en Chine.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La mort « accidentelle » d’un reporter ou d’une personnalité politique pose des questions et suscite l’intérêt du public si une machination politique peut être déduite. A l’époque d’une presse écrite puissante soutenue par des reporters indépendants, la recherche du scoop est une guerre stratégique. Albert Londres, auteur de nombreux papiers antimilitariste est sous surveillance. Au scénario, Frédéric Kinder imagine une sombre histoire de vente d’armes et un trafic d’opium de l’armée française en Chine comme postulat de base de ce récit rythmé. Basé sur des personnages réels, le scénario mélange biographie et fiction. Les auteurs publient un cahier documentaire qui permet au lecteur de démêler les faits concrets et les faits romancés. Au niveau du dessin, Borris, l'auteur (entre autres) de Charogne de la même collection sortie chez Glénat, est en charge de l’ambiance graphique. Le trait est réaliste et l’ambiance des années vingt est très bien représenté. Malgré une belle coloration presque un peu sombre, il est dommage qu’une version crayonnée en bichromie, a l’instar de Charogne ne soit pas prévue, car c’est dans ce style graphique que Borris excelle. La version hors commerce « work in progress » propose les deux versions et il est indéniable que le rendu du crayonné est superbe. Un tirage de tête le proposera peut-être. Ainsi, cet album « one shot » avec un récit rythmé et une belle ambiance graphique propose une réponse à la mort tragique d’un des plus grands reporters français du début du XXème siècle.