L'histoire :
Aldo broie du noir. Depuis sa Révolte (cf. tome 1), il est désoeuvré. Il a du mal à oublier sa belle et, en dépit de son ami le primeur, sourire n’est pas facile. Pourtant le temps est au beau fixe et l’« homme à louer » va une nouvelle fois sentir le vent tourner. Un richissime papa vient le trouver. Il lui offre le confort de sa berline de luxe et lui explique qu’il a besoin de services pour garder son fils. En fait, son beau-fils, le fils de sa femme. Pas plus haut que trois pommes, le petit « monstre » en fait voir des vertes et des pas mûres à tout le monde. On lui passe tout à Roro. Alors bien sûr, il se la joue. Une bonne paire de baffes plus tard, Roro a fait ses excuses à Madame Hélène, la bonne, et son papa et sa maman n’en reviennent toujours pas ! C’est décidé : Aldo conduira Roro chez son « vrai » père en vacances et jouira, chemin faisant, du confort de vie adéquat. Le gentil garnement – ce qu’il lui manquait simplement était un peu d’autorité paternelle – déposé chez papa et sa « douce colombe », Aldo repart en cabriolet coupé jouir lui aussi du paysage. Il a après tout quelques jours devant lui avant de récupérer le « colis ». Seulement, empruntant une route étroite en montagne, il est victime d’un fâcheux accident et est laissé pour mort…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Respect Monsieur Tibet. Il en faut du cran (et de l’envie !) pour se lancer à plus de soixante-dix printemps soufflés dans une nouvelle aventure éditoriale. Avec Aldo Remy, le père de Ric Hochet et de Chick Bill semble retrouver une certaine jeunesse, en tout cas une verve inhabituelle. Bien qu’en partie mal dégrossi, son nouvel héros présente un faciès très sympathique. Normal, c’est un vrai héros. Athlétique et comique, Aldo, « homme à louer », nous a déjà été présenté lors du tome précédent, mais c’est à présent que débutent vraiment ses mésaventures. Victime d’un accident maquillé, le miraculé va connaître un Réveil brutal ! Il y a pour sûr du Ric Hochet chez Aldo mais aussi beaucoup de ce tempérament très trempé que les Français appréciaient tant chez un Jean Gabin. Le côté vacances ensoleillées fait encore penser au privé Tony Corso en bande dessinée. Qu’importe, on le suit avec plaisir. Cependant, « qui » le suit ? La question de la cible du titre est clairement posée. De format et de tradition jeunesse, Tibet se lâche pourtant ici avec un scénario qui n’a rien d’enfantin – il est question de viol et parricide tout de même – et une langue parfois très crue. C’est un titre adulte, adolescent sinon. Tibet aborde néanmoins l’ensemble de manière très détachée et second degré. De fait, Aldo Rémi est une comédie humaine plus qu’une enquête policière. Du coup, on se dit que de grands enfants pourraient le lire. Peut-être que cela passera. Mais l’idée plaît-elle ? Sans jouer les mégères, les parents peuvent s’interroger. Tibet est un maître du 9e art et en cela on est tenté de le suivre. Les plus grands attendront en tout cas la suite des péripéties de « l’amnésique »…
