L'histoire :
Lorsqu'elle débarque dans sa maison, au beau milieu de cette nuit de mai 1924, l'agent officiel de l'empire britannique qu'est David Mac Donald n'en croit pas ses yeux. Alexandra David Néel, l'exploratrice qui a eu le privilège de rencontrer le Dalai lama, vient solliciter son aide pour entrer en Inde. 13 ans plus tôt, lorsqu'elle a quitté son mari en embarquant depuis un port tunisien, la femme de plus de 40 ans sait qu'elle ne reviendra pas de sitôt. Fascinée par la culture bouddhiste, frustrée par ce que les livres ne peuvent pas lui apprendre, elle se lance dans une expédition prévue à l'origine pour seulement deux ans. Après un périple à travers l'Inde, sa rencontre avec un jeune moine tibétain va transformer son voyage. La grande culture, la finesse d'esprit, mais aussi l'abnégation du jeune homme, vont permettre à David Néel d'envisager de pousser plus loin son exploration. Après des séjours initiatiques en altitude au Tibet, en Chine ou au contact de moines au Japon, elle décide de marquer l'histoire. Elle veut être la première femme occidentale de l'histoire à pénétrer à Lhassa. Pour fouler de ses pieds la cité interdite, elle entreprendra avec Aphur le voyage le plus dur et le plus inoubliable de sa vie.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Christian Perrissin a construit un récit très simple pour raconter les années qui vont faire la célébrité d'Alexandra David Néel. La formidable exploratrice est présentée comme une femme pleine de courage et qui ne doute pas. Sa passion pour le bouddhisme semble se doubler d'un engagement dégagé des contingences physiques qui impressionne. L'auteur nous relate dans le détail les souffrances que la femme de plus de cinquante ans endure lorsqu'elle franchit les cols des montagnes tibétaines vers Lhassa. Il le fait sous la forme d'une conversation avec David Mac Donald, qui permet quelques respirations et de petits allers retours dans le temps. Le dessinateur Boro Pavlovic décrit merveilleusement les paysages spectaculaires traversés par l'exploratrice et son jeune compagnon, littéralement portés par les très belles couleurs d'Alexandre Boucq. Les images du Potala, le fameux bâtiment qui trône sur la cité interdite sont superbes et semblent réellement projeter les rayons du soleil qui claquent sur ses murs colorés. Les images des deux illustrateurs sont l'atout majeur de cet album intéressant, mais dont le récit reste conventionnel, moins original dans sa construction qu'Une vie avec Alexandra David Néel, qui vient également de paraître et propose un angle plus inattendu. Mais le voyage est très beau, réellement impressionnant dans le courage qu'il met en scène. Il donne davantage envie de voir le Tibet que de lire les ouvrages de David Néel. Pour peu que les conditions d'accès soient plus faciles aujourd'hui, ce qui est probablement le cas...