L'histoire :
Nous sommes à Cannes, en juin 1954, sur le tournage de La main au collet. Entre deux prises avec Cary Grant et Grace Kelly, celui que l’on surnomme « Hitch » les invite sur le sentier de ses souvenirs en évoquant son enfance, au début du siècle dernier. Né dans une famille catholique au sein d’une Angleterre majoritairement protestante, le petit Alfred se caractérise par sa peur, un appétit constant, une curiosité à toute épreuve, et un intérêt pour les affaires criminels qu’il manifestait cependant discrètement, en particulier lors de ses études chez les jésuites. Se passionnant pour le cinéma, il pousse les portes des studios, d’abord en sa qualité de dessinateur, puis de directeur artistique, gravissant rapidement les échelons. Il y rencontre également sa femme, Alma, qui n’a de cesse de l’encourager dans les bons comme les pires moments de sa carrière. Confronté au rapport de force avec ses supérieurs ou contraint de réaliser les commandes des directeurs de studio, Hitchcock se révèle malgré tout un véritable visionnaire, n’omettant jamais d’imprégner ses films de son propre univers, ce qui lui vaudra de devenir, à l’aube de la Seconde Guerre mondiale, le réalisateur le plus reconnu du Royaume-Uni.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Petit nouveau de la collection 9 ½ qui a déjà consacré un livre à Sergio Leone et Lino Ventura, le monstre sacré du cinéma Alfred Hitchcock revient aujourd’hui sur le devant de la scène. Noël Simsolo, déjà au scénario de Sergio Leone, réinvestit toute son érudition cinématographique dans ces pages, et parvient à expliquer de façon classique mais efficace la manière dont Hitchcock s’est construit, de son enfance à sa consécration en tant que réalisateur. On découvre un personnage malin, déterminé et très farceur ; et on fait la lumière sur quelques-unes des obsessions du maître, que ce soit pour les affaires macabres ou pour les jeunes actrices blondes. En reprenant le système d’entretiens qui invitent aux flashbacks, déjà utilisé dans Lino Ventura et l’œil de verre, le scénariste parvient à dynamiser son récit, qui souffre malgré tout de moments quelque peu superficiels. On peut également regretter que les dialogues ne soit pas moins explicatifs, perdant ainsi énormément en dynamisme et en crédibilité. Si le dessin de Dominique Hé, entièrement en noir, blanc et nuances de gris, fait habilement écho à l’esthétique hitchcockienne, notamment dans ses paysages, le dessin des personnages présente quelques faiblesses, vite oubliées lorsque l’on se plonge dans le récit. Le deuxième tome verra Hitchcock partir à la conquête d’Hollywood. En attendant, cet album ravira tous les cinéphiles et curieux, et donnera inévitablement envie de se replonger dans la filmographie d’Hitchcock, qui demeure aujourd’hui toujours aussi riche et inventive.
