L'histoire :
Festival de Cannes, 9 mai 1963. Les Oiseaux d'Alfred Hitchcock est présenté au public. Pour les spectateurs européens, c'est un moment de frayeur jamais vu, alors qu'aux États-Unis, l'accueil est assez froid, ce qui laisse perplexe Tippi Hedren, l'actrice principale du film. Le maître du suspense rassure son actrice, avec humour, en lui disant que c'est normal, car c'étaient des critiques américains ! À Cannes, c'est tout l'inverse, la curiosité des journalistes est éveillée par ce nouveau film qui fait peur. Le film est présenté hors compétition (c'est une première, car tous ses films présentés sur la Croisette étaient en lice pour la palme), ce qui lui va très bien. Il préfère le succès public aux récompenses. Dans sa chambre au Carlton, en compagnie de Crockett, il se souvient des réactions sur ses films présentés. Les enchaînés, Festival de Cannes 1946 : « un chef d'œuvre » pour François Chalais, « une déception » pour Crockett. La loi du silence, 1953 : Hitchcock sait magnifiquement filmer son histoire de prêtre prisonnier du secret de la confession pour Cocteau, « La technique n'est pas tout, il faut de l'épopée » pour Abel Gance. L'homme qui en savait trop, 1956. C'est un film épatant mais le Festival ne primera jamais un thriller...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Alfred Hitchcock a marqué de son empreinte l'histoire du cinéma, inspirant Brian de Palma, entre autres. Ce deuxième tome se focalise sur la carrière hollywoodienne de l'anglais qui se réalise juste avant la Seconde Guerre Mondiale. Il y signera de grands films, même s'il aura les coudées moins franches, devant faire face au pouvoir des producteurs comme David O. Selznick sur le film Rebecca. Très bien documenté, Noël Simsolo, évoque la face cachée de celui qui « filmait les scènes de meurtre comme des scènes d'amour » : les 8 jours durant lesquels Truffaut l'interviewa pour écrire son livre (Hitchcock-Truffaut, surnommé le Hitchbook) devenu culte, la tristesse liée à la disparition de Carole Lombard, l'épouse de Clark Gable. Pas toujours simple à suivre pour le commun des mortels, car le scénariste s'évertue à multiplier les flashbacks entre les années, ce qui crée une confusion chronologique. On peut regretter que les dialogues très instructifs, particulièrement bien écrits, ne soient pas toujours accessibles sans connaître un tant soit peu la vie d'Hitch ! Au dessin, Dominique Hé, dans un noir et blanc nuancé de gris, propose un trait plutôt bien exécuté, permettant une lecture fluide. En complément de ce diptyque, n'hésitez pas à voir le biopic qui lui a été consacré, avec Anthony Hopkins dans le rôle-titre.