L'histoire :
Loulou retrouve André dans l'entreprise de son père dans la commune de Fort de l'Eau, juste à côté d'Alger. Il prévoit une fin proche du conflit avec la résistance algérienne, qu'il estime au bout du rouleau. De son côté, André est en train de réaliser des travaux pour améliorer les conditions sanitaires de ses employés, à la surprise des colons les plus radicaux. Pendant ce temps, l'organisation centrale du FLN constate la difficulté de faire reculer l'armée française en luttant seulement dans les montagnes et les maquis. Une rencontre dans la maison de Larbi Ben M'Hidi va décider d'un changement de stratégie. Le choix sera fait de marquer l'opinion et la presse internationale nombreuse à Alger, par des actions plus ciblées et spectaculaires. Au début du mois de décembre 1958, c'est l'assassinat en pleine rue d'Amédée Froger, maire de la commune de Baufarik. Un choix délibéré qui cible un des opposants les plus farouches aux réformes. Au volant de la voiture qui emporte le tireur, il y a Mo, l'ami d'enfance d'André. Les obsèques sont l'occasion d'affrontements violents, la stratégie du FLN va se radicaliser vers des attentats ciblés, marquants, pour attirer vers la capitale les forces armées qui luttent dans le maquis contre les troupes indépendantistes. Le ministre Lacoste accueille alors le général Massu pour lui confier la mission du rétablissement de l'ordre.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La chronologie avance avec ce tome 3 qui plonge dans la vague de violence qui a frappé Alger à la fin des années cinquante, et qui débouchera sur le tournant de la bataille d'Alger. Les jeunes gens innocents des premiers moments de cette saga ont tous un positionnement dans le conflit qui se durcit. Ils sont à l'image de l'Histoire qui s'écrit dans ce qui sera bientôt une ex-colonie française. La violence des attentats, les méthodes horribles utilisées de part et d'autre, la nécessité de subir les conséquences d'évènements que l'on n'a pas nécessairement souhaités, tout est présent ici à travers André, Loulou, Mo et les autres. Le rôle des médias, de l'opinion internationale, le soutien du FLN depuis la France par les partisans de l'indépendance, tout est décrit de manière factuelle, en évitant à nouveau la simplification et le jugement. Philippe Richelle maîtrise complètement son sujet et le ton qu'il souhaite donner à son récit. Le travail d'Alfio Buscaglia est toujours impeccable de réalisme et de fluidité. On a parfois le sentiment qu'il est une sorte d'élève surdoué d'Alain Dodier, dessinateur de Jérôme K Jérôme Bloche. Le même naturel dans l'enchainement des plans, le même sentiment de facilité, un trait économe et précis, le réalisme et la violence en plus, sujet oblige. Le retour dans l'histoire se poursuit donc de manière toujours aussi convaincante, on réalise qu'on a finalement rarement eu l'occasion de plonger dans l'histoire de cette guerre à hauteur d'homme de cette manière. Et surtout avec une liberté de jugement pour le lecteur, qui le place dans une situation très valorisante.