L'histoire :
96 ans après « la chute », notre civilisation est rendue à la barbarie. A travers des villes en ruine, des groupes antagonistes se sont regroupés et survivent en chassant les animaux monstrueux qui ont résulté de l’apocalypse. Rudyr est l’un de ces chasseurs, à la musculature développée. Il sert de proie pour attirer des taureaux géants dans un guet-apens. Puis après que ses amis ont achevé une des bêtes, ils la dépècent et rejoignent les femmes du groupe. Rudyr est amoureux de Giala… mais Giala ne se sent pas prête. Elle se cherche des excuses pour s’occuper des enfants de sa sœur Fyrva, plutôt que s’engager dans une relation. Rudyr n’a pas le temps d’être déçu que le clan est attaqué par une tribu rivale. Ces brutes sont venues voler les femmes : ainsi procèdent-ils depuis des lustres. Le combat est âpre. Rudyr est terrassé, Giala a juste le temps d’envoyer les enfants se mettre à l’abri dans les éboulis d’un immeuble. Elle est capturée, sa sœur décapitée. Les femmes survivantes sont convoyées par les vainqueur jusqu’à leur repère. Mais tandis que le crépuscule tombe, ils sont attaqués par un lézard géant. Giala prend la fuite, prenant le temps de dérober à l’un des pillards son casque audio, visiblement capable de « communiquer avec les dieux »…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le titre et les premières pages de ce one-shot de plus de 80 pages ne laissent aucune place au mystère : Après la chute s’inscrit dans un registre post-apocalyptique classique, pour ne pas dire basique. Un évènement que nous découvrirons en flashback en fin d’album a en effet fait régresser l’humanité au stade néo-préhistorique. Il n’y a plus d’armes à feu, plus de véhicule, plus d’électricité (en apparence)… En revanche, les hommes ont des musculatures d’haltérophiles, des looks de punks, des mutations génétiques variées (l’un a 3 bras, l’autre 3 yeux, le troisième est un zombie), ils manient des haches géantes en adéquation avec le décorum de fantasy barbare, et ils occupent leur quotidien en guerroyant pour la possession des femmes. Houla, houlala, éloignez vite les féministes de cette œuvre ! Ce contexte est donc très primaire… et il ne faudra pas chercher à creuser plus. Laurent Queyssi ne développe pas tellement le fond du scénario, se contentant de calibrer un décorum d’expression artistique idéal pour les palettes graphiques du chinois Juzhen. De fait, l’album mise sur son potentiel spectaculaire, lors des nombreux combats d’hommes à hommes ou contre les prédateurs géants (lézard, aigle, taureau, tigres…). Parfois plusieurs planches sans le moindre phylactère laissent apparaître des cases géantes dans lesquelles des barbares chorégraphient leurs confrontations sur fond de ruines urbaines et de crépuscule grisâtre. C’est parfois impressionnant, mais ça ne va pas chercher plus loin. L’intention se rapproche énormément des bastons interminables et gratuites entre superhéros bodybuildés, avec l’apparition finale d’un ersatz de Tortue Géniale pour le clin d’œil manga… Bref, c’est beau, mais un peu léger et surtout de registre confus.