L'histoire :
Chacun connait Noé. Oui ! C’est bien ça : ce vieillard de 500 ans pourvu d’une immense barbe blanche. Celui convié par Dieu, Lui-même, à construire une arche immense pour y loger chaque espèce de la Création, tandis que Lui ferait s’abattre un déluge de 40 jours sur la Terre pour punir l’Homme de ses péchés. Cependant, et si le bonhomme n’avait rien à voir avec sa légende ? Et s’il fallait l’imaginer, la barbichette brune filasse, le tarin bourgeonnant et tout juste âgé d’une cinquantaine d’années ? Tenez : et si en outre, il ne se privait pas de beugler sur sa femme à la moindre occaze (si elle oubliait de couvrir sa chevelure par exemple) ? Et si ce fameux Noé, plutôt qu’un vieux sage, était un être méprisable peu inquiet du sort de ses semblables ou des animaux ? Bref, il est temps de mettre de côté la légende pour vous expliquer comment tout cela s’est réellement passé...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après Prototype, Ralph König continue d’évoquer la Bible à sa manière satirique et humoristique, mettant dans son viseur une relecture extrême des religions. Aussi, après les déconvenues d’Adam au Paradis originel, c’est autour de son petit-fils, Noé, de servir de faire valoir – particulièrement – gratiné à la démonstration. En satiriste expert, König met en scène non plus un patriarche paisible, altruiste et dévoué, mais un quinqua agité, obtus, homophobe et misogyne. Et surtout, obsédé par l’idée qu’il faut à tout prix punir l’humanité en requérant du Très Haut l’Apocalypse, ni plus ni moins. Pensez donc ! A Sodome et Gomorrhe, par exemple, on détrousse, on trucide, on tue, on fornique avant le mariage, on se balade crinière découverte sans accompagnateur mâle… Et pis que tout : des individus de même sexe s’épousent ! Le bonhomme oubliera juste de préciser qu’il fréquente les bas quartiers de Sodome pour y reluquer les filles de mauvaise vie et s’y aviner copieusement… On l’aura compris : la métaphore est aussi criante que la caricature et donne un joli coup de pied dans l’arrière-train des « bien-pensants » (sous couvert religieux) de nos sociétés. Pour ce faire, l’allemand malaxe sans honte le mythe de l’Arche, s’amuse de ses limites, triturant les épisodes de la Genèse sans balbutier, pour un Déluge finalement fantasmé et un Dieu bien plus tolérant (ou« épanoui ») que certains de ses représentants. La satire est parfaitement palpable et pleine d’à propos. Cependant elle rate ici cruellement son virage humoristique. L’ensemble est en effet bien bavard, longuet, riche de digressions savonneuses et use peu souvent nos zygomatiques. La mécanique et le rythme du premier opus de la trilogie étaient plus percutants. A suivre cependant…
