L'histoire :
En s’immergeant illégalement dans un jeu vidéo de réalité virtuelle appelé Back World, Terry, un pirate informatique, en est sorti stupéfait. En effet, ses lunettes sur le nez, il s’est aperçu que le jeu était tellement bien fait, qu’il perdait tout contrôle sur sa propre réalité. Dans cet autre monde, il a également découvert une porte suspecte, sur laquelle est imprimé un symbole mystérieux… mais il a toujours buté à l’ouvrir. Dans la vraie vie, le frère de sa petite amie Tina est retrouvé mort devant son ordi, alors qu’il s’adonnait lui aussi à Back World. Or il n’est pas le seul : Back World tue également son ami Snake et fait a priori des dizaines d’autres victimes ailleurs dans le monde ! Affecté et désemparé, Terry se lance à 100% dans la compréhension de ce mystère. Il se fait épauler pour cela par un concurrent de la société VBN, éditrice du jeu, qui souhaite perce le secret d’une immersion de cette qualité. Il infiltre alors VBN, en acceptant le poste de directeur technique à pourvoir. En effet, le précédent directeur a mystérieusement été retrouvé pendu dans son bureau, après que le directeur lui ait demandé d’enquêter sur les raisons de la mort de certains utilisateurs. Un feeling particulier s’installe alors avec le sulfureux directeur de VBN, qui l’invite le soir même de son embauche à un dîner…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après avoir fait les beaux jours du cinéma (et quelques navets aussi), les cyber-thrillers envahissent aujourd’hui la BD. Dans ce Back World scénarisé par l’incontournable Eric Corbeyran, la problématique centrale demeure comme partout ailleurs la différence entre monde réelle et réalité virtuelle. Par quel biais, le jeu vidéo Back World peut-il arriver à un tel degré de perfection, qu’il parvient à tromper ses utilisateurs sur leur environnement, les menant parfois jusqu’à la mort réelle ? En grand pro, Corbeyran rythme à merveille son récit, usant de mécanismes bien rodés et néanmoins efficaces. Il nous offre en prime une réflexion sur le sens de notre propre réalité (réelle), que l’on peut à tout remettre en question au regard de sa structure scientifique. Au dessin, Lucien Rollin s’appuie sur sa technicité réaliste mainte fois éprouvée, sans en faire de trop et surtout avec une propension grandissante à faire tous les visages de la même manière… Pour parachever cette partition, le coloriste Jean-Jacques Chagnaud (l’un des meilleurs sur le marché !) habille le tout de l’ambiance cyber idoine. Culotté, le cliffhanger nous abandonne perplexe, en attente du troisième et dernier volet avant le game over.