L'histoire :
En juillet 1896, Gwénolé Leguadek n’a que 13 ans lorsque son père le fait enrôler à bord du 3 mats Le Belem, qui mouille dans la rade de Saint Nazaire. Pour sa première traversée, le navire doit se rendre à Montevideo en Uruguay et en rapporter un chargement de mules pour la chocolaterie Meunier. Le garçon fait alors connaissance avec Rio le bosco (le maître de manœuvre), le tyrannique capitaine Lemerle surnommé le merle noir, et le pilotin (le second) qui n’est autre que le fils du capitaine. La filiation n’est pas vraiment un avantage pour ce dernier : il est harcelé par son père à longueur de temps. Quelques jours après le départ, le Belem croise une frêle embarcation démembrée. A son bord, deux naufragés déshydratés, un autre gravement blessé et un mort. Les survivants racontent être des rescapés d’un vaisseau brésilien qui a fait naufrage. Mais les deux bougres, qui se révèlent de piètres marins, adoptent une attitude suspecte aux yeux du capitaine. Ils profitent d’ailleurs de la rancœur que porte le pilotin pour son père, pour le manipuler et l’embarquer dans un projet de mutinerie…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Cette histoire du Belem par le prolifique Jean-Yves Delitte, est le fruit d’une coédition entre la branche BD et les éditions du Chasse-Marée, appartenant tous deux à Glénat. Le récit est également réalisé en étroite collaboration avec la fondation Belem, qui assure depuis plus de 25 ans la conservation du trois-mâts dans le patrimoine maritime français. Si la toile de fond est précisément documentée, JYD ne s’est pas arrêté aux aspects purement didactiques. Il a imaginé à partir de faits d’époque la première traversée du navire, en une mise en bouche véritablement palpitante. Pourquoi le Belem va-t-il revenir à Nantes les cales vides, en janvier 1897 ? Parfaitement entraîné à l’exercice des récits maritimes grâce à sa série le Neptune, JYD orchestre son intrigue avec des rebondissements captivants et livre une grande aventure qui fleure bon les embruns. Pour le moment, le résultat n’a rien à envier aux chefs-d’œuvre du genre (L’Epervier de Pellerin ou Les passagers du vent de Bourgeon). Graphiquement, certes, JYD a tendance à dessiner ses personnages de la même manière, avec une bouche de biais et des yeux sans paupière. Mais à part ces détails (infimes), quel rendu ! Il doit pourtant être ô combien difficile (et pénible !) de détailler un trois-mâts sous toutes les coutures, avec ses voiles, poulies, cordages, haubans, cacatois et autres perroquets, bref son équipement complet (et complexe)… L’auteur-dessinateur livre une nouvelle fois un travail finement ciselé et parfaitement équilibré dans quasiment toutes les cases, en un temps record (il tient un rythme d’environ 3 BD par an !) Du sacré beau boulot…