L'histoire :
Août 1788, Van Diemen’s Land, à la pointe de la Nouvelle Zélande. « La Bounty », un HMS de la British Royal Navy est au mouillage. A tribord, Bligh, le commandant du navire, approche en chaloupe et demande l’autorisation de monter sur La Bounty. Burkitt, reconnaissant les passagers de la frêle embarcation, les autorise à embarquer en s’affranchissant des règles convenues dans ce type de situation. A peine a-t-il posé un pied à bord que le commandant réprimande l’homme de quart, lui rappelant les bases de la discipline. Pour cette petite entorse au règlement, les sanctions seront lourdes : il sera privé de ration de tafia durant une semaine et sa solde sera diminuée de son quart. Au sein de l’équipage, la colère commence à gronder pour ces griefs répétés et ces sanctions disproportionnées. D’autant que cette expédition a débuté il y a déjà huit longs mois, avec pour but de se rendre à Tahiti afin d’y récupérer des arbres à pain pour nourrir les esclaves anglais des Antilles.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La mutinerie de la Bounty a inspiré de nombreux livres ou films. Par l’intermédiaire de son corsaire Black Crow, Jean-Yves Delitte nous raconte en BD cet épisode peu glorieux de la marine anglaise du XVIIIème siècle. Le capitaine Bligh, commandant de la Bounty, est un personnage exigeant, intransigeant qui mène la vie dure aux 47 membres de l’équipage. Après 10 mois de mer, les marins touchent enfin terre pour quelques mois et profitent des plaisirs qu’offrent Tahiti et ses accueillants « indigènes ». A l’heure du départ, certains esprits rebelles n’envisagent pas de subir une nouvelle traversée avec un commandant aussi autoritaire et sévère. Delitte connait bien le monde maritime (rappelons qu’il est peintre officiel de la Marine Belge, ce qui explique qu’une ancre soit apposée à coté de son nom). Il retranscrit avec justesse l’ambiance qui pouvait régner à bord de ce bâtiment de la British Navy. A travers sa narration, on comprend que la vie embarquée est avant tout une aventure humaine et qu’elle peut rapidement tourner au cauchemar si les relations entre l’état-major et l’équipage sont délétères. D’ailleurs, l’auteur s’attache davantage aux mois qui précèdent la mutinerie et ne consacre que quelques cases à ce dénouement inévitable. Le récit est fluide et lisible : les protagonistes qui jouent un rôle clef ont de l’envergure. Ces marins ont les traits marqués et des caractères rugueux. Delitte s’en donne à cœur joie en dessinant ces bateaux d’époque : il nous livre des illustrations magnifiques avec des doubles-pages qui fourmillent de détails. Malgré une histoire déjà connue, l’auteur nous tient en haleine de bout en bout.