L'histoire :
Louis XVI a bien conscience que la flotte française ne pourra jamais rivaliser contre celle de la Navy anglaise. Plutôt que de se perdre dans d’épuisants combats maritimes, il a alors l’idée de dominer les mers sur le plan scientifique : l’exploration, les découvertes de peuples et de terres, l’élaboration de nouvelles cartes. Il charge Jean-François Galaup, comte de La Pérouse, d’accomplir cette périlleuse mission. L’expérimenté capitaine devra sillonner les mers pendant plusieurs mois et même aller jusqu’à l’Alaska. A peine arrivé dans les sublimes îles de Pâques, La Pérouse fait régner une discipline de fer à bord de ses deux navires, La Boussole et l’Astrolabe, alors que les marins sont épuisés. A Pondichéry, une colonie française, on s’inquiète de ne plus avoir de nouvelles de l’explorateur. D’autant qu’une terrible nouvelle vient de tomber : le Roi de France est destitué de son trône !
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Avec la série Black Crow raconte, Jean-Yves Delitte montre une fois de plus qu’il est un spécialiste des histoires maritimes. Cette fois, le tome aborde la grande figure historique de La Pérouse. Le malheureux capitaine mène une expédition hors norme alors que, sans le savoir, le Roi qui l’a fait mandater pour cette mission est renversé par la Révolution ! D’emblée, Delitte montre le spectre de la guillotine, jouant sur la chronologie et les différents lieux de l’intrigue. C’est ensuite un incessant va et vient entre les tumultes en France, l’inactivité à Pondichéry ou la grande aventure avec La Pérouse. Comme s’il était sur un bateau qui tangue en pleine houle, le lecteur finit par avoir le mal de mer à force de tourner en rond et d’être balloté de séquences en séquences. Sans transitions et sans réel fil conducteur, les épisodes sont difficilement lisibles, d’autant que peu de personnages se démarquent de cette histoire et que leurs rôles sont souvent obscurs voire parfois inutiles. La Pérouse est finalement presque relayé au second plan et il est difficile de suivre Delitte dans ce récit tortueux, où l’on oscille entre récit historique, aventure au long cours et manipulation de guerre. Black Crow raconterait-il mal ses histoires ? En tout cas, on peut légitimement être déçu tant l’ensemble est peu clair. Pour éviter de se noyer dans cet opus, on se raccrochera au dessin toujours magnifique de Delitte. L’auteur témoigne de son amour pour les bateaux à travers de superbes représentations minutieuses et grandiloquentes des navires de l’époque. Les cases ne sont pas assez grandes ? Qu’à cela ne tienne : Delitte étire l’espace en proposant des doubles pages impressionnantes et en jouant sur le rythme des planches. Au final, il s’agit d’un récit touffu et mal exploité. Peut-être Black Crow fera-t-il mieux avec la prochaine histoire : la fameuse révolte du Bounty ?