L'histoire :
Dans un premier temps, Mary a délivré Jean le boucanier, alias le « Bouc », ancien chef des Margoulins, la confrérie la plus puissante de la ville portuaire de Dortwick. Puis la jeune femme froide et mystérieuse, dont d’aucuns pensent qu’elle entretient des relations intimes avec les forces du mal, a piqué son « trône » au Bouc, en lui faisant croire qu’elle l’aidait à le récupérer. Elle a ensuite réussi là où tous avaient échoué avant elle : elle a uni sous une même obédience les 14 confréries de brigands de la ville. Même Copley, l’énigmatique chef des Grinches rouges, est tombé sous son charme. A présent, cette reine de l’ombre coordonne un mouvement de grèves sans précédent. Les forces de polices se heurtent à des barricades infranchissables et Mary en personne s’invite à la table des négociations, imposant ses conditions. Les autorités soudoient alors des assassins pour annihiler le mouvement ouvrier à sa tête. Mais Mary dispose de redoutables protections occultes… Désormais en marge de ces conjonctures, le bouc ronge son frein, en animant un théâtre de Guignols à l’attention des enfants. Pourtant, en secret, il rumine sa vengeance…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
C’en est presque indécent : Erwan Fagès a mis plus de 12 ans à nous délivrer l’ultime volet de cette trilogie historico-ésotérique ! Or, aux vues de ses encrages réalistes élégants et précis, un boulot d’artisan comme on n’en voit peu, on serait presque prêt à attendre de 12 ans de plus pour savourer sa prochaine œuvre. Le dessinateur breton n’est pas vraiment ce qu’on peut appeler un auteur prolifique : Black Mary est aujourd’hui sa seule contribution au catalogue du 9e art. Pour croiser sa signature, dans le registre de l’illustration, il faut s’abonner à des revues jeunesse, telles que Je lis des histoires vraies (Fleurus Jeunesse). Quand on dispose d’un talent et d’un savoir-faire pareils, c’est tout de même scandaleux :) ! Ici, cadrages, perspectives, mouvements, plans d’ensemble, personnages, colorisation (eh oui, c’est lui aussi)… il n’y a pas grand-chose à reprocher, ni à cet ultime volet, ni à ses deux prédécesseurs, dont le laps temporel de réalisation n’atteint nullement la cohérence visuelle d’ensemble. Ce qui est moins le cas du scénario de David Chauvel, qui parait aujourd’hui plus convenu au regard de la production intermédiaire en matière d’ésotérisme (Dufaux ou la Loge noire). L’histoire demeure néanmoins plaisante, parfaitement cohérente, subtilement dialoguée et habilement inscrite dans son contexte historique. Signerez-vous un pacte si élégant ?