L'histoire :
Richard Blass a défrayé la chronique judiciaire au Canada dès la fin des années 60. Avant de devenir le gangster le plus recherché du pays, Blass a eu ce côté de gentleman-gangster attachant car malgré de nombreux braquages à mains armées, le sang a rarement coulé. Malheureusement, l'homme s'est rapidement transformé en bête sauvage, usant et abusant de la loi du Talion pour régler ce qu'un homme de son envergure aurait pu considérer comme une injustice ou une trahison. La violence de ses crimes s'est amplifiée au fil du temps et au fur et à mesure que son casier judiciaire s'est rempli. La légende populaire dit que les chats ont neuf vies. C'est la raison pour laquelle Richard Blass a rapidement été affublé de ce patronyme. L'homme s'est montré aussi agile qu'un félin lorsqu'il a dû échapper aux policiers et aux bandes rivales qui en avaient fait leur cible principale. Même criblé de balles, l'homme s'est toujours relevé. Et quand le bandit s'est aperçu que la Justice lui a manqué de respect en ne respectant pas les accords qui avaient été pris, Blass s'est transformé en véritable bête traquée. Et même en détention, il s'est fait entendre en se joignant à Jacques Mesrine, son co-détenu de marque, dans la lutte visant à dénoncer les conditions de détention des prisonniers. Epargné de nombreuses fois, Richard Blass est devenu le justicier de sa propre justice où la vengeance est effectivement vite devenue un plat qui se mange froid...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Depuis que Glénat a décidé de jeter des ponts entre ses sièges en France et au Canada, de nombreux ouvrages canadiens débarquent en Europe. Méconnu chez nous, Richard Blass a été un des gangsters les plus recherchés d'Amérique du Nord. Sa personnalité a attisé la fascination du grand-public et a alimenté de nombreux mythes au début des années 1970. Malheureusement, ce côté interpellant et fascinant n'apparaît que trop rarement dans la BD qui lui est consacrée. Celle-ci se contente de relater les délits qui lui ont été reprochés, sans trop se pencher sur la personnalité de l'homme, capable d'être un meurtrier sanguinaire et un respectable père au foyer au cours de la même journée. Certes, le récit permet de mesurer la vitesse à laquelle la violence est devenue de plus en plus forte dans les méfaits du bandit, mais le lecteur se lasse du côté répétitif de ces délits, car les auteurs privilégient la succession des faits divers sans réellement les lier entre eux. Le scénario est malheureusement quelque peu décousu et on a parfois du mal à situer le rôle de chaque personnage dans le flot de l'histoire, qui couvre plusieurs années de crimes. En outre, les dialogues n'ont pas été traduits du canadien au français. Si bien que les expressions « Tabarnak » ou autre « party » qui prêtent à sourire au début, deviennent rapidement lourdes et fastidieuses. Le dessin se rapproche de ce qui se faisait à l'époque où le magazine Mad, venu des States, vivait ses heures de gloire au milieu des années 80. On n'est jamais très loin non plus du comic dans les scènes d'action où les « Clack », « Paf » et « Bang » barrent les cases publiées en Noir et Blanc. Les costumes, les voitures et les décors sont d'époque, mais les couleurs auraient été bienvenues. L'idée qui entoure ce projet est amusante et le récit aurait pu être plus trépidant s'il avait pu être décliné au travers d'une série de plusieurs volumes. Au bout des 144 pages, on a une fâcheuse impression d'inachevé. Dommage !