L'histoire :
De braves gaillards comme Robert Denard, on n’en fait plus. Depuis tout petit, ce grand rêveur a la bougeotte et ne pense qu’à s’évader, loin des terres de la Gironde où ses parents se sont embourbés. Ce qu’il attend de la vie, c’est qu’elle soit riche, plurielle, palpitante... Pendant les années de la Seconde Guerre mondiale, Robert – dit Bob – est trop jeune pour pouvoir vraiment y participer. Pourtant l’excitation et l’adrénaline qu’il recherche tant, il les pressent dans ce conflit meurtrier. Alors en 1946, à l’âge de 16 ans, il s’engage dans l’armée. Mais Bob est un électron libre, violent, inconséquent et indiscipliné : il ne correspond pas du tout au profit type du bon soldat. En 1952, au terme de la guerre d’Indochine, après avoir fait le plein d’exotisme, de sensations fortes et de toutes sortes d’excès de vices, ce n’est toujours pas assez pour lui. Il décide donc de quitter l’armée qui n’a désormais plus rien à lui offrir. Mais ce n’est que le début de son histoire... Très bientôt, quand la France aura besoin de se salir les mains, c’est à celles de Bob Denard qu’elle fera appel. D’ailleurs, ça tombe bien, en Afrique, le processus de décolonisation pointe le bout de son nez. Et tout porte à croire que ce ne sera pas très propre...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Drôle d’idée que de consacrer un ouvrage sur le mercenaire Bob Denard, véritable âme damnée des sombres arcanes des IVème et Vème Républiques. Cependant, le parti pris par le scénariste Olivier Jouvray est de délivrer un portait acide et sans concession de cet homme de l’ombre, le tout avec beaucoup d’humour et de cynisme. Ainsi, sa cruauté et sa recherche sans fin des coups de Trafalgar témoignent d’une vie où l’absurde côtoie parfois l’audace la plus sincère. À la fois ironique et incisive, cette biographie de l’ex mercenaire est redoutablement bien ficelée. Du côté des dessins, le travail de Lilas Cognet risque de ne pas laisser indifférent, tellement sa patte singulière est ici omniprésente. Avec des traits anguleux voire carrément émaciés et des couleurs contrastées, l’artiste casse l’univers militaire de Bob Denard et apporte des ambiances exotiques et chatoyantes plutôt bienvenues. Cette dichotomie est bien menée et ce, même si l’aspect graphique n’est pas facile d’approche dès les premières pages. En fin de comptes, Bob Denard Le Dernier Mercenaire est une BD sympathique qui mérite le coup d’œil, ne serait-ce que pour mieux se rendre compte de l’ambivalence d’un tel personnage.