L'histoire :
Au milieu de la nuit, Jérôme réveille ses frères quand il bondit en sueur, terrorisé par ses cauchemars. Au point que sa mère décide de l'envoyer dormir dans la cuisine, ce qui n'arrange rien : lorsque le sommeil arrive, tous les ustensiles se transforment en démons animés, dotés d'une vie propre. Lorsqu'il découvre un carnet de croquis du jeune garçon, Antoine, son père, décide de l'emmener dans son atelier de peinture. Et très vite le garçon se distingue par son don extraordinaire, même si les sujets de ses tableaux sont pour le moins surprenants. Très vite, son travail est repéré par un galeriste nommé Van Raemdonck, qui veut faire connaître ses œuvres dans tout Anvers. Mais ses images pleines de monstres, de visages parfois difformes, sont tellement loin du classicisme de l'époque, que les premières réactions vont être très variées. D'autant qu'elles sont accompagnées d'un mystère sur la fixation des motifs de ses toiles, dont certains semblent disparaître mystérieusement. Près de 600 ans plus tard, à Gand, une jeune restauratrice d'art tente de percer le secret du vernis que Jérôme Bosch utilisait au milieu du XVème siècle. Une formule totalement inconnue.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le scénariste et dessinateur Griffo choisit d'entrer de plain pied dans le monde des toiles de Jérôme Bosch pour nous permettre d'aborder l'univers foisonnant d'un artiste révolutionnaire et totalement précurseur du milieu du XVème siècle. Celui que les grands artistes du XXème siècle ont considéré comme un véritable pionnier est obsédé par ses rêves éveillés. Il voit littéralement une partie des animaux monstrueux qu'il peint quitter sa toile, et part en recherche d'un fixateur miraculeux qui les forcerait à y rester. L'auteur de cet album en forme de bio imaginaire ajoute une intrigue contemporaine qui allège considérablement le récit, lui donne une grande fluidité et en renforce l'intérêt. On redécouvre littéralement la créativité incroyable de cet artiste flamand hors norme et la passion qu'il suscite encore aujourd'hui chez les amateurs d'art et les historiens. La mise en scène de cet album est par ailleurs dynamique et parfois onirique. Le talent de Griffo anime les personnages avec une grande aisance, dans un style semi réaliste jamais pesant. Les objets qui volent autour de lui dans une forme de rêve permanent tourbillonnent littéralement. Les pages de l'album s'enchaînent sans heurt pour nous amener vers une postface passionnante de mise en contexte. Du beau boulot.