L'histoire :
Deep-End. Alors que les charognards se repaissent de deux corps empalés dans la cour du pénitencier, les gardes viennent chercher Bouncer dans sa geôle pour l’amener aux appartements privés de la femme du maître des lieux, l’énigmatique Ugly John. Après lui avoir offert champagne et repas, elle lui présente les lieux. Né d’une mutinerie, Deep-End est en fait aux mains des hors-la-loi de la pire espèce qui viennent des quatre coins du pays pour profiter en toute impunité de leurs biens mal acquis. Tous les désordres moraux y règnent. Les seules règles, violemment imposées, sont l’interdiction de s’y entre-tuer, et le reversement d’une partie de ses « gains »… Au moment où l'épouse commence à dévêtir le héros manchot, son mari arrive. Il le fait enfermer de nouveau, puis installer en salle de torture. Ugly John y arrive en personne, seul. Bouncer ne sait pas encore que ça va être là son occasion de s’échapper. Une traque impitoyable va alors commencer...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
On avait laissé notre Bouncer dans une « mouise abominable » à la fin du tome 8, c'est à dire dans un enfer qui porte bien son nom, seul contre une armée de hors-la-loi violents et moralement corrompus, une sorte de Babylone des violeurs et meurtriers de tout poil. Si ses affaires s’arrangent toujours, il ne sort jamais vraiment complètement de la tourmente. Evadé, il se retrouve traqué comme une bête, mais heureusement bien accompagné par son ami Faucon Noir ainsi que d’un indien sage et redoutable, Goyathly. Tous deux vont l’aider à se défaire des inquiétants Skulls d’Ugly John. Alejandro Jodorowsky nous tient vraiment en haleine de la première à la dernière page, les rebondissements sont nombreux et, de manière somme toute assez peu conventionnelle, surprenants. La sauvagerie et l’horreur sont toujours présentes dans ce tome où les méchants sont vraiment terribles, mentalement tordus, malades, violents, sans scrupules. Ça tombe plutôt bien, dans un sens, parce que de son côté, Bouncer n’est pas spécialement un enfant de chœur. Cela aboutit à une course-poursuite parfaitement maîtrisée, où les chasseurs deviennent à certains moments les chassés, où les positions dominantes s’échangent régulièrement… Le tout une nouvelle fois illustré de main de maître par François Boucq, chez qui rien n’est à jeter : les persos sont d’un réalisme à faire peur (c’est le cas de le dire), les décors sont à tomber à la renverse et le rythme et les mouvements sont tout simplement parfaits. A la sortie, on n’a pas l’impression d’avoir lu mais d’être allé au ciné. Les mirettes sont remplies, le cerveau en ébullition, le palpitant surexcité. Et du coup, on en redemande.