L'histoire :
Nous sommes en 1951, chez Paul Claudel. L'homme d’État reçoit une caméra afin de revenir sur l'histoire édifiante de sa sœur Camille. Qui évoque cette dernière l'associe immanquablement à l'immense Auguste Rodin. Et pourtant, soutient son frère, le génie de Camille était sans pareil ! La sculpture, rien que la sculpture, voilà quelle était sa vocation. Née un 8 décembre 1864, la jeune femme ne ressemblait en rien à sa mère. Exubérante et créative, Camille affirme très tôt une forte personnalité, en décalage complet avec la place réservée à la femme à son époque. A sa majorité, elle obtient de son père de migrer à la capitale afin de satisfaire son appétit d'artiste. Fascinée par le modelage, elle entre à l'académie afin de faire du nu. Son talent pour bousculer les formes et leur donner vie la distingue rapidement. Son style évoque celui d'un nouveau maître du genre, Auguste Rodin. De leur rencontre naquît un génie fracassant, même si comme souvent – et malheureusement – la folie n'est guère loin...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Indignez-vous !, disait l'autre. Car oui, difficile de refermer cet album sans ressentir un vif sentiment d'injustice envers une femme qui n'eut sans doute pas la reconnaissance légitime que son génie réclamait. Être femme et artiste aux débuts du siècle passé n'allait pas de soi... Après avoir maintes fois repoussé la lecture d'un titre qui semblait aussi fascinant que dérangeant, le verdict se révéla conforme : dense et prenante, cette redécouverte de la vie de Camille Claudel exige de son lecteur un véritable effort. Une épreuve de près d'une heure au moins, mais ô combien gratifiante ! Le scénario imaginé par Eric Liberge est celui d'un classique flashback, relevé des commentaires de son narrateur, Paul Claudel. Une forme sans surprise, et néanmoins réussie puisqu'il vous sera difficile de lâcher l'opus avant d'en finir. Quant aux peintures, signées Vincent Grave, elles participent activement de l'impression de marathon éprouvé. Denses, colorées et torturées, ses planches revendiquent clairement les mêmes originalité et liberté de ton que celles qu'espéraient son héroïne. Vraiment, cette œuvre publiée dans la collection 1000 feuilles ne pourra vous laisser de glace. En un temps où la parité s'affiche au gouvernement (mai 2012), convoquer culture et Histoire autour d'une figure si belle et fière n'est sans doute que justice. Et cela tout à l'honneur du 9ème art.