L'histoire :
Passionné de bricolage, Canetor habite dans une maison avec son amoureuse Canetorette et son horripilante sœur, Canetorine. La toiture de cette maison vient d’être endommagée par une récente tempête. Encouragé par sa sœur de réparer lui-même, Canetor monte un échafaudage. Or quitte à devoir refaire la toiture, autant la refaire largement : sa sœur amplifie donc un peu les dégâts. Tandis qu’elle inspecte les travaux depuis le grenier, Canetorette découvre quant à elle les fleurs qu’elle avait offertes à son amoureux, fanées et reléguées dans un coin. Vexée, elle les lui pose par-dessus les tuiles de son échafaudage… mais le surpoids engendré provoque un éboulement au moment même où elle se lamente en-dessous. Elle se retrouve à l’hôpital avec un bandage autour de la tête. Canetorine insiste alors pour que Canetor offre à sa « belle-sœur » un bouquet de ses précieuses roses, pour se faire pardonner. C’est un sacrifice terrible pour Canetor, lui qui n’aime rien tant que ses belles roses à l’état naturel sur leur pied. Après les avoir coupées, il ne peut se résoudre de les voir finir leur vie dans une froide chambre d’hôpital. Il s’arrête donc chez un fleuriste pour acheter un autre bouquet, puis enterre ses roses au pied de leur rosier…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Canetor est un personnage créé par Charlie Schlingo, juste avant sa mort accidentelle en 2005, en compagnie de son ami Michel Pirus (édité en 2006 chez les Requins Marteaux). Auteur complet, ce dernier reprend 13 ans plus tard pour une seconde salves de gags faussement naïfs et régressifs, les aventures domestiques de cette insolite, dissonante et désuète famille de canards. Les 40 « gags » de ce recueil s’enchainent, pour former finalement une sorte d’histoire complète. Les turpitudes conjugales auxquelles se livrent les cinq protagonistes sont certes basiques et vaudevillesques, mais elles sont toujours fondées sur des réflexes psychologiques flagrants, plaqués sans ménagement. Sur fond thématique du bricolage, il est question d’une sœur aigrie, des flétrissures du temps dans le couple, de la concurrence sentimentale d’une âme sœur, et de comportements souvent ambigus, calculateurs ou mesquins… Les intentions de chacun sont très difficiles à déceler en amont, étant donné que les morphotypes des protagonistes sont volontairement peu expressifs, car strictement géométriques : un rectangle pour le bec, deux ronds pour les yeux, avec d’autres rectangles pour les pupilles… Le reste des cases répond cependant à un design infographique complet, resituant des contextes certes récurrents (le jardin, la chambre, la cabane, l’hôpital…) mais toujours pleinement détaillés. Et comme pour insister dans le vintage, Pirus convoque même un personnage venu des antiques bande dessinées de nos aïeuls : Lil’Egg (alias l’œuf malsain sur pattes Humpty Dumpty). Pour l’occasion de cet album ovniesque, Glénat a soigné son boulot d’édition, avec des dimensions méga grand format, sous reliure méga cartonnée.