L'histoire :
En janvier 1830, Casse-Pierre est un compagnon tailleur de pierres qui voyage seul, à pied, sur les routes de France. Après avoir suivi un apprentissage drastique sur les monuments des plus grandes villes, il a décidé de rejoindre la capitale pour y rencontrer son « protecteur ». En effet, il veut comprendre pourquoi ce dernier finance aveuglément son enseignement depuis des années. Lors d’une étape dans une auberge une tireuse de cartes le met en garde contre les amitiés et la curiosité mal placées. Le lendemain, alors que Casse-Pierre approche de Paris, il aide un homme en haut-de-forme à dégager la route pour que son attelage puisse passer. Ce dernier le fait monter à bord et se présente : il s’appelle Casimir Loupin, chef de la police de sûreté, et enquête sur le meurtre d’une documentaliste dans la bibliothèque du roi. Après une brève discution, Casse-Pierre préfère prendre congé de ce personnage austère et hautin, qui regarde d’un mauvais œil tous les corporatismes. Dès son arrivée à Paris, le jeune tailleur de pierres entrecoupe plusieurs informations autour de l’affaire de la bibliothèque du roi. Il décide de mener lui-même son enquête pour disculper le compagnonnage de toute suspicion…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Avec ce nouveau récit historique, Jacques-René Martin s’attaque à l’adaptation en BD de son propre roman (3 tomes). Tout d’abord, on constate rapidement que le romancier livre ici sa première BD : le ton est rustique, la cadence du récit déroute un peu. Si cela semble a priori bienvenu dans un 9e art de plus en plus stéréotypé, cela s’accompagne tout de même de sautes de rythme et d’enchaînements un peu bizarres. Le cœur du sujet devient néanmoins vite passionnant pour les fans d’architecture et d’Histoire, ou des restaurations artisanales : vous voilà invités à partager la vie d’un compagnon au XIXe siècle, son langage très particulier, son apprentissage rigoureux, son amour de l’art et ses règles de vie en communauté. Certes à travers cette première intrigue, le héros se frotte plus à une enquête policière qu’à sa corporation à proprement parler. Extrêmement rigoureux et documenté, le dessin de Tarral (Les héros cavaliers) retranscrit le Paris du XIXe siècle avec minutie, malgré quelques rigidités. Représentées à cette époque particulière, les ruelles sombres de la capitale rappellent parfois celles de Londres, dans leurs ambiances Jack l’éventreur. Le récit pourrait donc tout aussi bien s’inscrire dans la collection Dédales des Humanos (les polars historiques), que dans cette collection Vécu de Glénat, bien calme ces derniers temps...