L'histoire :
28 septembre 1626. François de Bonne, alias Le Duc de Lesdiguières, marche dans les montagnes enneigées. Il regarde amoureusement l’image de sa femme Marie dans un médaillon. Elle est souffrante, mais il n’est pas à ses côtés. Il trouve abri dans une grotte. Le diable l’attend en train d’écrire, assis sur une chaise. Le Duc ne comprend pas : il était avec sa fille et son gendre et se retrouve dans cette montagne battue par des vents glacés. Voyant que son hôte est complètement perdu, le diable lui montre le chemin. Tout dépend où il veut aller. À droite, il y a la Savoie, la vallée d’Aoste, le massif du Grand Paradis. À gauche, le massif du Chablais, un roc d’enfer. Bref, il a le choix ! En attendant, le diable fait l’inventaire de la vie de François de Bonne : Duc de Lesdiguières, Comte de Pont-de-Veyle, Chevalier du Saint-Esprit, seigneur du Glaizil, Gouverneur du Dauphiné, Maréchal de France, Pair et Connétable. Des titres qui en font un homme de poids. Mais pour en arriver là, il a tué, exécuté, incendié près de 900 villages, pillé des monastères, églises et cathédrales. Sans oublier ces pauvres piémontais morts à Pontcharra, qu’il a délestés de leurs bourses et chaînes en or.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Titulaire d'une maîtrise d'histoire et natif de Lyon, Gilbert Bouchard était de toute évidence la personne idoine pour évoquer la vie de celui qui fut Duc de Lesdiguières, haute personnalité historique des Hautes-Alpes. Selon le Roi Henri IV, son supérieur, il était « rusé comme un renard », une qualité essentielle pour sa fonction. C'était le dernier connétable de France, un chef militaire redoutable au cœur tendre qui n’a jamais comblé l’absence de l'amour de sa vie : sa maîtresse Marie. Bouchard choisit un angle d'attaque à la Uncle Scrooge de Dickens : un personnage, ici le diable, va passer en revue les grands moments de la vie du Duc. L'angle d'attaque est intéressant sur le papier, mais s'essouffle à mesure de la lecture, faute à un conventionnalisme trop présent. Le dessin à l'encrage prononcé et accompagné de couleurs éclatantes rappelle le André Juillard des débuts, époque Masquerouge, mais se perd au fil des pages, en raison d'une maîtrise graphique peu amène. Bref, malgré quelques bonnes intentions, cette biographie ne réussit pas pleinement à nous plonger dans la vie d'un personnage qui a marqué son temps.