L'histoire :
En compagnie d'Alexandra Baudricourt, Thomas Compagnon évoque ses souvenirs culinaires quand sa mère lui préparait parfois des ortolans, le dimanche. Elle y glissait notamment un morceau de foie gras à l’intérieur. Son père se délectait de ce mets raffiné qu’il enfournait avec un plaisir non dissimulé : un goût délicat et une texture unique. Sa sœur, comme lui, ne comprenait pas. Sa sœur en était même malade. Elle ne supportait pas de le voir engloutir l’oiseau en une seule bouchée. Cette tradition était un plaisir simple pour les gens des campagnes… En attendant, les comptes de l’hôtel restaurant « La Chartreuse » d’Alexandra sont calamiteux. Elle perd de l’argent et ne remplit pas assez les chambres d’hôtes. Elle espère que la venue d’un client important, Monsieur Lenouart (qui possède un fichier client immense), pourra bouleverser la donne. Le lendemain, alors que Faustine, Nathalie et Thomas dissertent sur l’accord mets / vins concernant un foie gras et son confit d’oignons, Alexandra et Monsieur Lenouart sont dans la navette qui les mène à « La Chartreuse ». La jeune femme vante les mérites de ce moyen de locomotion, offrant un gage de tranquillité aux futurs hôtes…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ce second tome marque la fin du diptyque Château Bordeaux A table qui, bien que classique, est tout de même prenant. Une nouvelle fois, Corbeyran, en fin scénariste gourmet, n’hésite pas à distiller des éléments authentiques et bien documentés. En évoquant les ortolans, il n’hésite pas à ancrer son récit dans la vraie vie, en citant notamment Jean-pierre Xiradakis (La Tupiña à Bordeaux) ou Michel Guérard (L'Auberge de la Ferme aux Grives à Eugénie-les-Bains). Ces petits oiseaux, aujourd’hui protégés par une directive européenne, sont un mets recherché (Maïté qui déguste un ortolan est un hit de Youtube !). Dans les années 80, une polémique avait d’ailleurs éclaté quand François Mitterrand, alors Président de la République, en avait consommé. Paris Match avait d’ailleurs révélé l’événement avec un article titré Le torchon de la honte. Cet ancrage dans la réalité donne un étonnant relief engagé à son récit. Ensuite, sa science scénaristique bien rodée fait le reste. Comme il en a le secret, Corbeyran montre qu'il n'a rien perdu de sa verve pour capter le lecteur. Son fidèle acolyte Espé livre un dessin réaliste efficace avec des décors toujours aussi bien campés et des personnages aux caractères trempés. Château Bordeaux A table reste dans la continuité de la série-mère. On retrouvera Espé en 2020, avec curiosité, dans Le col de Py, un album intime toujours inspiré de sa vie, chez Grand Angle ! Une première pour l'auteur estampillé Glénat...