L'histoire :
On a retrouvé de l’essence dans les cuves du Château Chêne Courbe. La dernière récolte est perdue. L’assurance va bien rembourser une partie du volume perdu, mais c’est un nouveau coup dur pour Alexandra, d’autant que Monsieur Labarre donne sa démission, suivi par les ouvriers agricoles travaillant à la propriété. Face à tous ces fâcheux évènements, Alexandra se réfugie dans la lecture des mémoires de son père. Son ancêtre Anselme Baudricourt avait déjà dû faire face à l’adversité. En 1852, l’oïdium, un champignon microscopique, avait détruit le raisin et les feuilles, mais heureusement pas le cep. En 1877, un autre fléau toucha la vigne en plein cœur : le phylloxera, un puceron dévastateur qui anéantit près de 90% des récoltes et obligea son aïeul à arracher des dizaines de pieds. Heureusement, la petite parcelle sur l’île de la Chartreuse fut épargnée et permis à Anselme de ne pas être obligé de brader le domaine. Tous ces événements passés offrent une lueur d’espoir à Alexandra. Et si le salut venait de l’analyse des vieilles bouteilles découvertes sur l’île de la Chartreuse ? Un vieux cépage, le vitis biturca, ancêtre des cabernets, pourrait être la clé de sa réussite future…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Peu à peu, Châteaux Bordeaux s’impose comme une saga d’envergure dans la lignée des Maîtres de l’Orge, une référence du 9ème art. En régional de l’étape, Corbeyran nous distille une intrigue charpentée, riche en enseignements sur le vin et son environnement. Sa plume est précise et s’inspire des grands évènements qui ont émaillé le vignoble bordelais. Il intègre dans son récit le phylloxera qui fut un fléau ravageur. Il réussit à mettre en place une intrigue documentée qui ne trahit pas la fluidité du récit. À ce titre, la séance de dégustation où Logan Norton initie Alexandra à la dégustation de grands crus est particulièrement intéressante et sensorielle. La narration s’articule ici essentiellement autour du personnage d’Alexandra et de sa façon de réagir aux fléaux qui lui tombent dessus. Rien ne peut l’empêcher d’aller au bout de ses convictions. Elle cherche à recréer un cru d’exception pour le Chêne Courbe et rien ne pourra l’arrêter, pas même sa belle-sœur, vénéneuse à souhait. Elle puise dans la légende familiale les raisons de se battre. Le trait d’Espé sonne toujours aussi juste et prend de plus en plus d’ampleur au fur et à mesure de ses albums. Que de chemin parcourut depuis le Territoire ! Ici, son dessin réaliste sublime les terres girondines et la ville de Bordeaux avec des perspectives bien respectées. Il restitue parfaitement l’atmosphère si particulière du milieu viticole bordelais, des caves et de la dégustation. Rendez-vous en 2014 pour un quatrième tome qui s’annonce palpitant.