L'histoire :
En 1887, Chimère, 13 ans, est exploitée dans la maison close de Madame Gisèle, une mère maquerelle sévère et boiteuse, qui a eu son heure de gloire bien des années auparavant en tant que danseuse. Mais l’adolescente apprend des informations capitales sur ses origines et en informe Gisèle : elle est sa fille naturelle ! Dès lors, Gisèle rongée par la culpabilité – elle a prostitué sa propre fille avant sa puberté ! – fait tout pour se rattraper. Elle accepte notamment que Chimère la seconde dans la gestion de la Perle Pourpre et prenne des décisions quant à sa nouvelle orientation. Notamment, Chimère a l’idée d’organiser des séances de photographies friponnes et fait installer une sorte de scène de cabaret à l’étage, pour les habitués. La gamine profite de son nouveau statut pour devenir aussi inflexible et directive que sa mère avec les autres filles de joie, hier encore ses amies. Elle ignore qu’un complot se poursuit à son encontre, en raison de ses liens avec Ferdinand de Lesseps, lui-même impliqué dans le futur scandale de Panama…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le tome 3 s’était achevé sur une révélation choc : Chimère, gamine exploitée dès ses 13 ans dans une maison close, avouait à sa mère maquerelle que cette dernière était sa mère tout court. Ce quatrième épisode reprend donc sur de nouvelles bases : en imposant à tous la direction de la Perle Pourpre avec la même poigne que sa mère, Chimère y perd à la fois son ingénuité et son capital sympathie auprès du lecteur. Dès lors, le scénario mis en place par le duo Christophe Pelincq / Melanÿn, jusqu’alors prenant, tend à révéler ses grosses ficelles. La montée en puissance de Chimère semble cousue de fil blanc, ainsi que le bref moment de sa tendre enfance aux côtés de son papa (spoiler) ou que la nouvelle cabale qui se noue contre elle en provenance d’outre-Atlantique. Alternant deux époques (l’histoire de Gisèle en 1875 et celle de Chimère en 1887), la trame narrative demeure néanmoins efficace – Christophe Pelincq est plus connu sous son pseudo d’Arleston, on ne peut plus expérimenté. Le récit se laisse agréablement suivre, mais la magie n’opère plus. La partition graphique de Vincent demeure en revanche régulière et dans le ton, ce qui permet une immersion tout à fait réussie dans le Paris bourgeois, fripon et sulfureux de la fin XIXème.