L'histoire :
Le 6 avril 1944, Francine et sa sœur sont arrêtées par la Gestapo à Pouilly-sous-Charlieu. On les interroge longuement. Ni l’une, ni l’autre ne dénoncent le réseau. Avec de nombreuses autres femmes, elles sont parquées dans un train, tel des bêtes que l’on emmène à l’abattoir. L’idée n’est pas totalement fausse, puisque tout le monde va être emmené au camp de Ravensbrück. Dans la nuit froide, sur le quai, des soldats avec des chiens-loups les attendent de pied-ferme. Pas le temps de réfléchir, il faut suivre les ordres. Toutes celles qui vont lentement ou pas assez vite se prennent des coups. Après, il faut qu'elles se mettent nues devant des allemands, avant qu’on leur donne des vêtements à rayure. Elle devra porter maintenant un triangle rouge. Ce n’est que le début des humiliations, des souffrances et du travail forcé... qui vont s’éterniser. La vie ne tient qu’à un fil, surtout face à l’inhumanité du quotidien. La solidarité entre françaises permet de tenir. Et parfois, des actes de bienveillance, comme ces deux hommes qui l’aident sans contrepartie. Elle est en persuadée, elle n’aurait pu survivre sans ce pull mité et ces quelques morceaux de nourriture supplémentaire. L’arrivée de la Croix Blanche suédoise est incroyable. Le calvaire va prendre fin. Le retour en France, à 23 ans, 33 kilos, prend quelques mois, mais quel bonheur de revenir chez soi ! Enfin, un nouveau départ s’ouvre à elle, même si elle ne pourra jamais avoir d’enfant...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Tout a commencé lorsque Francine a contacté Boris Golzio en 2000, pour renouer avec les derniers membres de sa famille. Elle est la cousine germaine de sa grand-mère maternelle. Elle est de passage sur Lyon pour accompagner des collégiens lors d’un voyage thématique sur la Résistance et la déportation. Alors pourquoi ne pas se rencontrer à cette occasion ? Ils vont plusieurs fois se retrouver, en compagnie d'une étudiante en Histoire. Ensemble, ils vont récolter la Mémoire de cette femme. Il a fallu quelques années pour que Boris Golzio se lance dans la restitution de cette histoire de Francine R en bande dessinée. 13 mois de travail, et un gros travail de recherches, ont été nécessaires afin d’adapter ses souvenirs à un récit chronologique. Il évoquera le courage des résistantes Geneviève De Gaulle-Anthonioz (1920 - 2002), Marie-Claude Vaillant-Couturier (1912 - 1996) et Germaine Tillon (1907 - 2008). Au final, ce long travail donne naissance à un album forcément émouvant. Et pourtant, l’auteur a choisi de ne pas faire une histoire débordante d’émotions larmoyantes. Il présente plutôt les faits simplement, tels qu'ils lui ont été racontés. Les trois couleurs majoritairement utilisées (noir, blanc et gris) confèrent la juste distanciation. Toutefois, on voit quelques touches de couleurs avec ces robes bleues, blanches ou rouges, ou la plaque commémorative des anciens déportés, internés et familles de disparus. L’album se termine sur l’enterrement de Francine en 2003. L’auteur conclut avec cette très jolie phrase qui résume tout : « L’Histoire de Francine ne m’a plus quitté. D’elle, il me reste sa voix, son humilité, sa simplicité. Et la conviction qu’il ne faut jamais baisser les bras. »