L'histoire :
C’est l’arrestation de son père, pour suspicion de complot contre l’empereur, sous ses yeux, qui lui révèle son destin. Pour venger son honneur, son père lui dit : travaille. Ainsi, le jeune Georges prend comme parti de devenir un défenseur des politiques opprimées. Pendant la Commune, il prend à ses côtés Georges Blanqui. Il rencontre la brave Louise Michel qui lui fait forte impression par sa détermination. Puis, lorsqu’il est certain que Dreyfus est innocent, il va tout faire pour en convaincre chaque citoyen. D'ailleurs, c’est lui qui trouvera le titre du texte d’Emile Zola : « J’accuse ». Son incroyable bagou va lui permettre de monter les échelons un à un. De médecin à maire, il deviendra député, puis Ministre de l’Intérieur, à Président du Conseil, pour finir Chef du Gouvernement durant la première guerre mondiale. Jamais, il ne baisse les armes face à l’adversité. Toujours combattre pour la liberté d’agir et de penser. Entre autre, la séparation de l’Eglise et de l’Etat est bien difficile à faire respecter. Tout comme mâter les révoltes ouvrières et celles des viticulteurs du midi. Sa verve s’accompagne d’une plume, car il n’arrête en aucun cas d’écrire dans la presse, quitte à créer un journal avec lui comme seul journaliste. L’art aussi est là, à ses côtés, notamment par le biais d'une correspondance assidue avec son ami Claude Monet...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Quand « le Tigre » sort les griffes, ça fait mal. Georges Clémenceau est un radical, anticlérical farouche, opposé à la politique coloniale opportuniste. Luttant pour le droit des ouvriers, il sait faire entendre sa voix au-dessus de tous. Ainsi, il apprend à s’entourer de personnes ayant les même idées que lui. Mais cela engendre des haines et des colères de la part de ses adversaires. D'ailleurs, il sera victime de tentative d'assassinat. Ses opinions deviendront moins fortes lorsqu'il montera en grade dans la politique française. Il punira sévèrement la révolte des mineurs à Courrières en 1906, soutenu par Jean Jaurès. Son nom restera dans l’histoire à l'issue de la première guerre mondiale. Il sera surnommé le « Père la Victoire ». Le lecteur plonge à la rencontre d’un homme politique qui a marqué son époque de son nom. Raconter une vie aussi riche en un album n’est pas chose facile, ce qui explique les nombreux bonds temporels. Faire une liaison entre chacun n'est pas toujours simple. De fait, Renaud Dely a beaucoup simplifié pour en aborder un maximum. Par exemple, l’affaire Dreyfus est survolée ; il n’y a pas non plus de citation du J’accuse de Zola. Seul l’angle politique est abordé et non l’homme. Car lui était un vrai passionné d’art asiatique, par exemple, et un grand collectionneur. On trouve des références à sa passion au musée Guimet, à proximité de sa demeure parisienne. L'album occulte aussi son tempérament dépensier et d’autres travers. Toutefois, on trouve une petite référence à son amitié avec le peintre Claude Monet. Il aurait aussi été louable de parler de l’admiration du politique pour l’artiste et de son combat pour que les fameux nénuphars soient au musée de l’Orangerie. Il faut faire des choix et cela implique forcément de laisser de côté certains éléments. Le dossier historique final réalisé par Jean Garrigues transmet cependant plus d’information sur la vie de Clémenceau. L’univers graphique figé et classique est également un frein à la lecture. Les couleurs sombres ternissent l’ensemble. Heureusement, la richesse de la matière première est riche et incite à tourner les pages. On se situe ici très loin dans l'esprit de la série Communardes ! de Wilfried Lupano, où l’on croise aussi Louise Michel. Cet album apprendra à mieux connaître cet homme politique français qui osait dire Non et se battait pour des idées. Il donne une interprétation crédible de ce qui constitue une vie d'homme politique.