L'histoire :
Que fait un pauvre et solitaire missile, au milieu d’une banquise peuplée de manchots sarcastiques ? Malgré leur ressemblance, sont-ils vraiment identiques ? Pourquoi ces manchots se moquent-ils de lui ? Heureusement, un Père-Noël au physique particulier et mécanique saura réconforter le missile en lui proposant une mission des plus particulières…
Comment peut-on revivre le Tour de France avec des amis ? Une bonne dose d’imagination, un lac étroit et paisible, des pommes bien rondes et c’est parti ! De jeunes aventuriers à l’âme nostalgique et à l’imagination vagabonde se lancent des défis dans une course endiablée.
Une course de schlittes distrait les bûcherons de la région. Pourtant, un jour, des coureurs disparaissent. Chaque jour, un bûcheron disparaît et le malaise commence à gagner la population. Comment les schlittes et leurs occupants peuvent-ils disparaître sans laisser de traces ? Dans la forêt, un étrange sapin aime à regarder la course des schlittes et s’adonne à une occupation… criminelle !
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Francis Masse est un auteur de bande dessinée à part : grand érudit et maître de l’absurde, ses œuvres sont fortes mais dérangeantes, difficiles d’accès mais jubilatoires. Il en est de même pour ces trois contes republiés par Glénat, avec l’ajout de l’histoire inédite sur le Tour de France. Il s’agit bien de contes, en effet, puisque Masse situe généralement son intrigue dans des mondes oniriques qui ressemblent étrangement au nôtre, mais où la réalité se transforme : un missile devient un manchot solitaire, un sapin a le don de balayer une voie ferrée et les pommes sont aussi performantes que les cyclistes du Tour de France. Pourtant, la comparaison s’arrête là : le ton est bien plus dur et sombre que l’univers des contes pour enfants. En pointant son œil critique et féroce sur la bêtise humaine, Masse dynamite les comportements et la stupidité du monde. Les situations loufoques sont autant de remises en question tranchantes de notre société : les cochons sont des policiers à la truffe bien pendue qui tentent de flairer chaque piste en engloutissant toutes preuves matérielles ! Le langage est une occasion de désamorcer la normalité. Dans un style « fleuri » et hautement littéraire, Masse se plaît à décrire longuement les personnages et l’histoire pour mieux transformer le réel : les mots se font et se déforment dans des néologismes improbables et certaines associations d’idées sont proprement renversantes. Il faut tester cette masse de jeux de mots érudits et intellectuels pour comprendre le style inimitable de l’auteur. Le dessin participe également à ce détraquage du réel : au vitriol, le noir et blanc est très agressif et surchargé d’aplats noirs, comme si l’encre avait coulé toute sa rage et sa peine sur le papier. La couleur (un procédé assez inédit chez Masse) dans l’histoire sur le Tour de France n’est pas plus joyeuse : dans des tons très criards et des couleurs au contraste agressif, le rendu rend mal à l’aise. Vous l’aurez compris, lire Masse est une vraie expérience (l’auteur est d’ailleurs un passionné de sciences). Dans un style très particulier, l’auteur offre une véritable caricature absurde et déjantée d’un monde bien trop mièvre et fallacieux. Un cadeau de Noël bien singulier et amer, qui n’est pas à la portée mentale de tout le monde…
